Logan
2017
James Mangold
Personnage de comics emblématique largement mit en avant par la saga cinématographique X-Men, le personnage de Wolverine alias Logan était cher au cœur de nombreux fans, mais entre la cinquantaine plus si lointaine et de multiples problèmes de santé, il était temps pour son interprète de lui dire au revoir après 17 ans de bons et loyaux services. Quitte à se séparer d’une telle icône populaire, on nous avait promit un final à la hauteur, et malgré deux épisodes solos décevant il y avait de quoi y croire.
Entre la saga originelle, les deux time-line qui en partent et le préquel qui au début devait boucler la boucle jusqu’au premier film mais qui en fait diverge, il y avait de quoi se perdre, et c’est dans cette optique que ce film remet les pendules à zéro en prenant plus ou moins en compte la première trilogie tout en réinventant un peu tout. On découvre ainsi un 2029 bien changé où l’évolution naturelle fut surprenante. Cela fait près de 25 ans qu’il n’y a plus eu de naissances parmi les mutants, désormais en voie d’extinction. L’institue pour mutant s’est donc peu à peu vidé jusqu’à la fermeture, d’autant que le professeur Charles Xavier (Patrick Stewart) n’est plus que l’ombre de lui-même, la sénilité rendant ses pouvoirs incontrôlables et dangereux. Lui aussi très diminué avec des facultés de régénération en berne, Logan (Hugh Jackman) s’était reconverti en chauffeur privé, une vie calme et posée, du moins jusqu’à ce qu’arrive Laura (Dafne Keen), une enfant mutant qui lui sera confiée contre son gré et qu’il faudra protéger contre une puissante organisation.
Dès la bande-annonce le projet sentait très bon. Une ambiance sombre, des gueules ravagées, une gamine machine à tuer, du road-movie sur fond de western et du Johnny Cash pour donner envie de sortir la banderole « meilleur film de l’année ». Le film tient-il toutes ses promesses ? Non, mais ça reste une excellente surprise sur bien des aspects. En terme d’histoire, le travail est remarquable, trouvant nombre d’éléments pour alimenter ce futur quasi post-apocalyptique et surtout donner une vraie profondeur aux personnages. L’idée de rendre le professeur complètement gâteux au point de perdre le contrôle de ses pouvoirs donne le ton de la détérioration du monde en brisant une figure de stabilité, et c’est d’autant plus fort que son état de conscience lui permet de le voir et créé de l’empathie eut égare de son désarrois. Il y a aussi le personnage de Laura, enfant sauvage symbolisant l’espoir d’un renouveau, mais même si son interprète en a marqué plus d’un c’est avant tout un film sur Logan, et il faut bien dire qu’il nous met une dernière claque mémorable. Tel un dépressif développant un cancer de manière auto-immune, son absence de joie de vivre aura finalement mit à mal son pouvoir de régénération, loin de l’instantanéité d’antan. Les effets sont ainsi aussi logiques qu’inévitables : vieillissement général, présence de cicatrices, difficultés à déployer ses griffes et résistance moindre au poids de son ossature en adamantium. Les personnages ont du vécu, ça se sent et ça a de la gueule. En parlant esthétisme, sans valoir du Mad Max Fury Road, on sent bien le côté crépusculaire et le réalisateur a fait un travail très lisible, sobre et intimiste, tout en apportant une patte personnelle marquée avec une certaine violence. Certes, la brutalité et le gore ne sont pas tellement de la partie, mais ça n’est pas tous les jours qu’on voit une fillette décapiter des gens et se faire elle-même empaler à coup de harpon dans la cage thoracique. On aura même droit à plusieurs séquences qui feront date, que ce soit dans l’action bourrin avec la crise à l’hôtel ou dans le plus intimiste avec la fuite d’eau, mais aussi et surtout le dernier plan du film à la symbolique si forte. Si pour un film de super-héros cela manque de pouvoirs et de combats et qu’on aurait aimé une bande son plus travaillée, son style est assez unique, l’écriture parfaite, les acteurs au top et les adieux sont donc à la hauteur.