Moi, Daniel Blake

Moi, Daniel Blake
2016
Ken Loach

Si le réalisateur Ken Loach n’est pas un auteur facile à aborder tant ses œuvres sont atypiques, il avait su élargir son public avec notamment Jimmy’s Hall, une bien belle surprise pleine de poésie et de simplicité. Souvent encensé par la presse, il a cette fois eu le gros lot avec la Palme d’Or à Cannes, le César du meilleur film étranger en France et surtout le Bafta du meilleur film de l’année en Grande-Bretagne. Seulement cette fois, les spectateurs ont eux aussi été très conquis.

On le sait, en France les démarches administratives sont une tannée entre la difficulté d’accès aux informations, le manque de communication et l’incapacité ahurissante du personnel, mais il semblerait que nous n’ayons rien à envier à nos voisins britanniques. Comme nombre d’employés dans le bâtiment arrivé à un certain âge, Daniel Blake a développé de lourds problèmes de santé et son cœur l’empêche de continuer de travailler d’après son médecin qui lui a formellement interdit de reprendre son activité. Seulement voilà, la commission des pensions d’invalidité va le déclarer apte au travail, et pour ne serait-ce que continuer à vivre grâce au chômage il va devoir se heurter à une administration aussi complexe qu’incohérente.

Même si l’action se passe en Grande-Bretagne et qu’on y découvre leur version de Pôle Emploi, les différences sont minimes tant on retrouve les mêmes tares. S’il ne faut bien sûr pas en faire une généralité et que le film le prouve en montrant des gens attentionnés qui sont réellement là pour aider, on constate que pour eux aussi tout est fait pour piéger le chômeur. L’inscription et toutes les démarches sont pour eux aussi intégralement faites en ligne, discriminant ainsi les moins fortunés et les plus âgés qui n’ont pas la connaissance ou pas l’accès à la technologie. On retrouve aussi les fameux conseillers qui ne conseillent rien du tout et ne sont en réalité que le bras armé d’une milice anti-fraude traquant la moindre irrégularité pour priver le citoyen lambda de ses droits. On sent toute l’oppression d’un système corrompu jusqu’à la moelle, mais le film montre les options alternatives avec l’entraide et l’écoute. Notre bon vieux Daniel Blake est un bon samaritain qui aide ses voisins, mais aussi une famille dans le besoin, une mère et ses deux enfants, avec qui il va se lier d’amitié. C’est criant de vérité et il se dégage du film une sincérité touchante. On reste dans du drame social assez classique, mais ça fait du bien de temps à autre de pointer les défauts de notre société.

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