Snowden

Snowden
2016
Oliver Stone

Traitant de l’un des plus gros scandales de l’histoire de l’humanité avec à la barre un réalisateur de renom et devant sa caméra un casting ahurissant, le film jouissait en plus de critiques très enthousiastes. Seul autre long-métrage abordant cette affaire, Citenzenfour avait décroché deux ans plus tôt l’Oscar du meilleur documentaire, prouvant la valeur cinématographique de l’histoire, mais cela n’a pas suffit pour amasser les foules. Avec seulement 37 M$ dans le monde, le film fut loin de rentrer dans ses frais, ce qui n’a juste pas de sens compte tenu des arguments cités.

En juin 2013, Edward Snowden (Joseph Gordon-Levitt), un ancien employé de la NSA, l’agence de renseignements américaine, révélait au monde entier un système de collecte d’information inimaginable. Chaque personne est espionnée 24 heures sur 24 dans des propensions qui défient l’entendement. Chaque mail, message facebook, sms ou conversation Skype sont stockés pour chaque être humain de la planète, mais les différents micros et caméras d’ordinateurs, téléphones, tablettes et autres appareils connectés peuvent être activés à distance et de manière indécelable, ce même si ledit appareil est éteint. L’œil de Big Brother voit tout.

Ah que c’est beau la naïveté. Si le film est raconté par le biais d’une interview au moment où les informations sensibles s’apprêtent à être divulguées, on découvre le parcours de Snowden dans l’ordre chronologique, démarrant en 2002 alors qu’il n’était qu’un simple soldat de l’armée américaine voulant servir son pays pour lutter contre les terroristes, sans savoir que l’ennemi premier n’était autre que le gouvernement des Etats-Unis lui-même. On découvre ainsi progressivement toute la noirceur d’un rouage où l’ambition du géant américain dépasse toute notion de droit civique et de vie privée. Une histoire forcément passionnante puisque tout est vrai, mais le film arrive à rendre l’expérience intéressante grâce à une mise en scène efficace et une pléthore de rôles secondaires percutants. On retrouve Shailene Woodley en petite amie de Snowden, son pilier de vie qui donne toute son humanité au héros. Il y a bien sûr les trois journalistes (Zachary Quinto, Melissa Leo et Tom Wilkinson) qui structurent le récit, mais on retiendra surtout les trois mentors de la NSA (Timothy Olyphant, Rhys Ifans et Nicolas Cage) représentant trois stades de l’acceptation : celui qui abuse, celui qui obéis et celui qui aimerais dénoncer mais a renoncé. C’est efficace, le rythme est soutenu, les personnages charismatiques et le message passe très bien. Bien sûr, on avait déjà connaissance de ces dérives avant le film, et c’est probablement là où le film déçoit puisqu’il n’apporte pas grand chose de nouveau, mais pour peu qu’on soit passé à côté du scandale c’est une présentation de qualité.

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