La Belle et la Bête

La Belle et la Bête
2017
Bill Condon

Tout le monde semble se plaindre du système actuel à base de franchises, remakes et compagnie, et pourtant Disney ne cesse d’exploser tous les records avec ses Marvel et ses adaptations en prises de vues réelles de ses grands classiques d’animation. Ainsi, cette version live du film d’animation de 1992 a établi un nouveau record pour un mois de mars avec 175 M$ aux Etats-Unis et 350 M$ dans le monde en seulement trois jours, 690 M$ en dix jours, se classant sixième meilleur démarrage historique et le milliard est déjà acté. Ce monde est-il si dépressif que la nostalgie en est devenue le nouvel adage ? Assurément, mais entre le dessin-animé bâclé et les versions françaises soit désuètes (version 1946) soit purement esthétiques et scénaristiquement creuses (version 2014), il y avait clairement une marge de progression possible. Pour une autre fois peut-être ?

Prenant place anachroniquement en France au XVIII° siècle (un homosexuel y serait décapité et aucun noir n’aurait le droit de prétendre à un quelconque statut, encore moins à un mariage mixte), le film raconte le célèbre conte de Belle (Emma Watson), jeune femme qui va faire une rencontre qui va changer sa vie. Alors que son père (Kevin Kline) était parti lui chercher une rose dans la cours d’un château où il n’avait pas le droit d’être (enfin il s’est surtout paumé en rentrant du marché), il va être capturé par une créature (Dan Stevens) qui va accepter de le libérer en échange de sa fille Belle, venue le sauver. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Belle va peu à peu découvrir l’homme qui se cache derrière la Bête.

Décrite comme une copie conforme du film d’animation, le film nous narre peu ou prou la même histoire avec les mêmes protagonistes, ce qui inclue Gaston (Luke Evans) et son acolyte le Fou (Josh Gad) ainsi que le mobilier du château (Ian McKellen, Emma Thompson, Ewan McGregor, Stanley Tucci et Gugu Mbatha-Raw). Quel intérêt alors de refaire exactement le même film si on essaye même pas d’en changer la portée, le message ou quelques arcs scénaristiques ? C’était probablement là où le film avait tout à prouver, et pour beaucoup la question se pose toujours.

Si le film incorpore quelques lignes de scénario supplémentaire et deux chansons de plus, ça ne change pas la donne tant le passé de la Bête reste anecdotique et que l’histoire avec le peste ne rajoute aucun enjeu. Pire, cela alourdi le film qui s’en retrouve anormalement long, mettant quarante de plus que le film d’animation pour raconter le même film de la même façon. Le problème, c’est que ce qui passe très bien en dessin animé peu sonner faux voir atroce avec des décors « réels » et des acteurs en « chair et en os ». Les chansons passaient mieux dans l’original, mais le vrai problème vient du mobilier du château, d’un ratage quasi historique. L’animation est minable et à aucun moment on ne peut croire à des objets qui aurait prit vie tant les CGI sautent aux yeux (Lumière me donne envie de vomir), faisant perdre son peu de crédibilité à l’histoire. La Bête est elle aussi atrocement fausse et on a du mal à voir où sont passés les 160 M$ de budget puisque même les décors ne resplendissent pas vraiment. Si la 3D est plate (enfin forcément quand on est suffisamment con pour choisir un ratio plein cadre et ne pas jouer sur la projection) elle a en plus été faite avec les pieds, l’obscurateur rendant les décors flous au moindre mouvement de caméra. Le point sur lequel les inquiétudes étaient les plus faibles, à savoir l’aspect technique, est donc lui aussi bancal, rajoutant un défaut de taille à une histoire déjà bien inconsistante. Une simple boule de neige et on passe de la haine à l’amour, comme c’est pratique… Une version live qui se vautre sur la forme comme sur le fond et qui nous fait amèrement regretter la version animée.

Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=H8uh2iChupo

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