Les Yeux jaunes des crocodiles

Les Yeux Jaunes des crocodiles
2014
Cécile Telerman

Trilogie littéraire qui s’est vendue à plusieurs millions d’exemplaires, la saga de Katherine Pancol voit là son premier tome adapté par sa propre fille, officiant comme scénariste sur ce film. Bien sûr, rien n’avait été annoncé en amont, mais les droits d’adaptation des deux autres livres avait eux aussi été achetés et près de trois ans après la sortie du film aucun des autres n’est ne serait-ce qu’en projet, laissant supposer un retour sur investissement décevant. Pourtant, si le film ne brille pas spécialement, on sent une certaine profondeur scénaristique.

Dans une famille bourgeoise parisienne, leurs deux filles n’ont pas connu le même succès. Si Iris (Emmanuelle Béart) a fait un beau mariage (Patrick Bruel) et croule sous l’argent sans avoir à travailler, sa sœur Joséphine (Julie Depardieu) a fait de belles études qui n’intéressent personne et ne rapportent pas grand chose, ce qui n’est pas évident quand son mari (Samuel Le Bihan) s’est fait la malle et que sa fille (Alice Isaaz) est obnubilée par la richesse. Pour faire son intéressante, Isis va s’inventer écrivaine au cours d’un dîné, reprenant même le thème de la thèse de sa sœur, puis va obliger cette dernière à écrire ledit livre à sa place. Entre les mensonges et les débordements, la situation va peu à peu prendre une tournure ingérable.

Un nègre condamné à vivre la gloire par procuration, cela rappelle L’Autre Dumas, ou alors Californication si on part du côté de la spoliation. C’est donc un thème assez classique mais qui fonctionne toujours puisque la situation ne laisse jamais indifférent, que ce soit par la nonchalance du spoliateur qui peut provoquer le rire ou part la détresse du spolié qui peut nous attendrir ou nous faire rager. Ici, bien qu’en dehors de Patrick les acteurs soient assez mauvais, l’empathie marche très bien et le récit est très riche, réussissant à développer des histoires secondaires solides à l’image du beau-père qui réveille en nous cette envie de chair fraîche et de bousculer les petites bourgeoises tel un trotskiste fan de Lolita. Parce que oui pourquoi pas. Malgré une durée copieuse, le film se laisse aisément regarder de par la multiplicité des intrigues, certes classiques mais efficaces, de même que de par ses personnages captivants, là aussi assez stéréotypés et pas super bien interprétés de surcroît, mais la somme des deux créée une empathie fonctionnelle. Il est probable que le roman était autrement plus abouti, mais ça reste une petite comédie française légère et sympathique.

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