Imperium
2016
Daniel Ragussis
Présenté lors du festival de Deauville, le film n’a malheureusement pour lui pas trouvé preneur auprès des grosses sociétés de distribution et n’a eu qu’un nombre de salles très limité dans une poignée de pays, n’incluant pas la France où il a été directement diffusé à la télévision. Au final, c’est moins de trente mille entrées qui ont été créditées au film, alors même que son acteur principal est le héros de la saga la plus populaire de l’histoire. Enfin c’est sûr qu’un film sur des skinheads, on a connu plus vendeur.
Aux Etats-Unis on ne rigole pas avec les menaces terroristes. Alors qu’un important chargement de Cérium a été dérobé, le FBI est en panique et traque tous les islamistes à la recherche de ce qui pourrait devenir une bombe de grande ampleur. Pour l’inspectrice Zampino (Toni Collette), il ne faudrait pas pour autant faire l’impasse sur la crédible implication de groupuscules radicaux suprématistes qui pourraient eux aussi vouloir utiliser ce genre de dispositif pour faire éclater une guerre raciale. Employé de bureau au FBI, le timide et chétif agent Nate Foster (Daniel Radcliffe) va être chargé d’infiltrer un groupe pro blancs pour se rapprocher d’un gourou qui pourrait être à la tête du complot.
De tous temps le cinéma a toujours été fasciné par les flics en infiltration. Déjà qu’on se paye depuis des décennies des polars à base de flics ripoux, y mêler en plus un principe de couverture faisant écho au jeu de l’acteur lui-même, ça fait jouir les scénaristes qui sur-intellectualisent leurs propres œuvres. Malencontreusement, on frôle le niveau de profondeur d’un Point Break, et pas forcément l’original. Comme d’habitude avec ce genre de sujets, on nous montre des jeunes lobotomisés et enragés qui cherchent plus une raison de se défoncer ou de défoncer les autres que de réellement défendre une vision idéologique savamment étudiée. Pire, ceux qui sont censés être les têtes pensantes sont presque aussi demeurés et on ne voit que de l’aveuglement haineux. Bien sûr, c’est le but et il serait inconcevable qu’un film mainstream ose en faire l’apologie, mais il existe toujours un axe narratif pour nous montrer comment les gens peuvent se laisser endoctriner à l’image de l’excellent La Vague. Que ce soit la plongée ou les préparatifs, le film n’innove sur aucun point et rien dans le traitement ou la direction artistique ne viendra relancer l’intérêt. On reste alerte de par le danger constant qui pèse sur le héros, mais c’est à peu près tout.