Transformers : The Last Knight

Transformers : The Last Knight
2017
Michael Bay

Des sagas lucratives, la Paramont n’en a pas beaucoup. En revanche, des grosses tôles au box-office ça n’est pas ça qui manque entre Ghost in the Shell, Monster Truck et le dernier Star Trek, déjà que les deux précédents étaient limite. Pour capitaliser au maximum sur leur seule vraie poule aux œufs d’or avec 3,7 milliards de dollars en quatre films, un pôle de scénaristes fut donc dépêché pour nous pondre un film par ans pour les trois prochaines années. Une ambition qui risque de fatiguer un public déjà las : malgré une campagne publicitaire dantesque, le film a subit un démarrage catastrophique aux Etats-Unis où il devrait péniblement atteindre les 140 M$, soit pratiquement la moitié du moins populaire de la franchise. Même à l’international, certes un peu sauvé par une Chine en pleine essor, les résultats sont très faibles et il n’est pas sûr que le film égale les 709 M$ du premier film de la saga alors même que le dernier dépassait les 1,1 milliards. Si la qualité décroissante des franchises en général peut expliquer le rejet massif dont ce Transformers fait lui aussi l’objet, c’est cette fois beaucoup moins justifié.

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire avec le retour de la collaboration humains / autobots à la fin de L’age de l’extinction, ça n’était qu’une pause dans la répression anti-machines. L’armée (avec le retour de Josh Duhamel) continue de les traquer pour les anéantir sans distinction entre autobots et décepticons, seule l’île de Cuba offrant l’armistice aux robots de l’espace. Luttant de son côté pour protéger ses amis autobots, Cade Yager (Mark Wahlberg) va tomber sur une petite fille orpheline (Isabela Moner) dans les ruines de Chicago, mais aussi un étrange et mystérieux médaillon qui serait lié à une ancienne légende arthurienne (avec au passage le retour de Stanley Tucci dans le rôle de Merlin). Suivant cela de près depuis longtemps, Sir Edmund (Anthony Hopkins) va rassembler Cade Yager, choisit pour être le nouveau chevalier par le médaillon, ainsi qu’une historienne, Vivien (Laura Haddock), qui serait l’héritière des pouvoirs de Merlin. Le temps presse effectivement, les ruines de Cybertron (apparemment pas totalement détruite à la fin de La Face cachée de la Lune) menacent de venir percuter la Terre sous peu.

Mise à part le tout premier, chaque film Transformers était relié à la grande histoire dans la mesure où le second revisitait le mythe des ingénieurs avec des pyramides battis par des extraterrestres ; le troisième faisait état d’un secret caché de l’autre côté de la Lune tandis que le quatrième nous apprenait la « vérité » sur l’extinction des dinosaures. Ici, le vague rapport à l’histoire est un bâton magique confié à Merlin par les autobots au cinquième siècle et qui appartenait en fait à la matrice créatrice des transformers. Rien de bien folichon et la chasse au trésor sera bien loin d’un Benjamin Gates, même si elle nous offrira une scène très drôle au domicile de Vivien, et de l’humour qui marche dans la saga c’est assez rare. Son duo avec Cade est d’ailleurs très efficace, renversant habilement le stéréotype de la femme objet en la présentant elle comme l’intellectuelle raffinée et lui comme la brute décérébrée mais musclée et sexy. Côté écriture ce n’est donc pas si mal, même si la quête des créateurs nous laisse sur notre faim, ne faisant que décrire une boucle où une machine créé des machines, même si l’IA créatrice des transformers a un design sympa. Encore une fois, c’est sur un plan visuel qu’il faudra chercher les réelles qualités du film.

Un film à gros budget, c’est fait pour envoyer du lourd, et de ce point de vue c’est une franche réussite. Bien sûr, passer après Chicago, le saut en wing-suit, l’avalement d’immeuble et le cyclope avec son ver géant, c’est très difficile, mais la dernière partie vaut vraiment le détour. Si le début rame beaucoup et peine à s’imposer, à partir de la plongée sous-marine le régal est total. La sortie des eaux est monstrueuse, la bataille sur les nuages nous fait fantasmer sur une adaptation des – 11 000 de Chrono Trigger et toute la séquence en zéro G est à couper le souffle. Bien sûr la crédibilité est absente du début à la fin entre des ruines gigantesques qui n’auraient pu passer inaperçues et une entrée dans l’atmosphère dont les risibles répercussions sont improbables, mais pour peu qu’on essaye de forcer notre suspension d’incrédulité en disant qu’un champ électro-magnétique aurait pu dissimuler les ruines, que la planète ait activé des rétrofusées ou autre pour se poser le plus sereinement possible, on peut alors passer un bon moment devant un divertissement qui n’a pas d’autre vocation qu’offrir un spectacle démesuré. On pourra aussi pester sur les ratios de cadre changeants, l’inutilité de la quasi totalité des acteurs secondaires et des faiblesses d’écriture terribles (toute l’histoire des chevaliers de la table ronde ne sert que pour le bâton et une seule autre scène), mais en dehors du premier point qui dénote d’une post-production rushée à cause de retards au tournage, qui aurait mérité un report de plusieurs mois minimum, ça fait parti des impondérables presque obligatoires avec ce genre de film. Des soucis le film en a un paquet, probablement plus que n’importe quel autre de ces prédécesseurs, mais à côté de ça l’affecte pour les personnages est assez forte et le spectacle est de très haut niveau, de quoi assurer un bon moment.

Critique disponible en vidéo complémentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=HlwA3YodUFo&t=25s

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