Mother!

Mother!
2017
Darren Aronofsky

Si je n’étais pas tombé par hasard sur la bande-annonce du film en août dernier, je n’aurais même pas su que ce nouveau film de Darren Aronofsky allait sortir. Si tous ses films ne sont pas forcément très abordables ou même intéressants (je n’ai pas du tout aimé The Wrestler par exemple), ils n’en restent pas moins originaux et dotés d’une atmosphère sombre et captivante. Cette fois le sujet intriguait, entouré d’un grand mystère, et se payait en plus un casting assez dingue. De quoi espérer beaucoup, mais les premiers résultats en salle sonnent comme une hécatombe et les critiques sont tout simplement assassines.

Parce que j’étais persuadé que le film parlait d’agoraphobie et que l’absence de culture catholique m’a empêché de comprendre le film du premier coup (merci à Durendal d’avoir éclairé mes zones d’ombre, en espérant que le fossoyeur de les films fasse encore mieux), d’autant que le film est tout sauf clair, je vais vous expliquer le film comme il est réellement, donc attention aux spoilers.

Dans le jardin d’Eden bâti avec amour, Mère Nature (Jennifer Lawrence) pensait pouvoir garder Dieu (Javier Bardem) auprès d’elle pour toujours dans leur petit nid douillet, mais cette atmosphère trop calme bridait sa créativité. Il décida alors d’y inviter Adam (Ed Harris) puis Eve (Michelle Pfeiffer), apportant un peu d’animation dans son quotidien, au gram damne de Mère Nature, inquiète face à cette invasion qui ne faisait que commencer. Après l’arrivée de Caïn (Domhnall Gleeson) elle supplia Dieu d’arrêter cette folie et de renvoyer ces étrangers, mais galvanisé par l’adoration des autres il ne su s’en passer.

Après être sorti de la salle, j’étais particulièrement dubitatif. Pendant 1h55 j’étais persuadé que le film parlait d’agoraphobie et que tout n’était que folie imaginative, mais en réalité tout ce qu’on voit à l’écran est bien réel, même la dernière demie-heure complètement dingue et qui semble partir en vrille totale. J’avais senti venir le coup de la métaphore, mais j’avais parié sur le mauvais cheval, n’ayant même pas conscience de celui qui était en course, à savoir la religion. Une fois qu’on a les cartes en main, c’est déjà plus cohérent en terme de symbolique, mais c’est encore plus décevant que ce qu’on pouvait imaginer. Certes, les rapports sont très intéressants et l’image faite des hommes est édifiante, mais on espérait quelque chose de plus imaginatif derrière ce halo mystérieux. La logique se tient avec le principe de boucle, l’âme brisée le cœur se meurt puis s’embrase pour libérer une nouvelle âme, mais le film tue son propre suspense dès la scène d’introduction, bien que le tout dernier plan nous rappelle la fameuse phrase de Jurassic Park : la nature trouve toujours son chemin. Le scénario n’est donc pas extraordinaire, mais ça reste un concept original que de personnifier des divinités et de traiter d’un sujet biblique dans un huis clos. Autre point positif, les acteurs sont très bons, notamment Jennifer Lawrence qui semble mériter un Oscar dans chacun de ses films tant sa présence en impose et que ses performances bluffent. Reste un problème de taille : on se fait chier. En dehors de la branlette intellectuelle visant à nous faire trouver la symbolique d’une culture religieuse qu’on a pas forcément, il ne se passe quasiment rien de tout le film, on sent un suspense qui monte dans le vide et quand enfin il se passe quelque chose c’est tellement gros et mal fait – effets spéciaux à la ramasse – qu’on y croit pas une seconde. Ah c’est bien de vouloir nous faire réfléchir, mais encore faut-il y mettre les formes.

Disponible aussi en vidéo complémentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=QhaaTSpIF8M

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques, Vidéo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *