Ça

Ça
2017
Andy Muschietti

Voilà un film qui ne m’attirait pas spécialement, contrairement à l’écrasante majorité des gens. Alors que j’avais esquivé le pavé de plus de mille page de Stephen King, subit le téléfilm des années 90 qui était pour moi un nanar indigne comprenant la mort la plus risible de l’historie du cinéma, les gens attendaient quant à eux avec un intérêt colossal cette réadaptation du roman, la bande-annonce ayant pulvérisé le record du plus grand nombre de vues en 24h. Et depuis sa sortie, le film ne cesse de faire tomber les records : meilleur démarrage de tous les temps pour un film d’horreur et meilleur démarrage pour un mois de septembre avec dans les deux cas plus du double du précédent record, et en seulement 14 jours d’exploitation le statut de plus gros succès de tous les temps détenu depuis plus de 40 ans par L’Exorciste vient de tomber. Plus de 400 M$ en deux semaines, c’est tout simplement du jamais vu pour le genre, et même en terme de surnaturel le record de 673 M$ du Sixième Sens doit compter ses jours avant la chute. Un engouement gigantesque que personne n’avait vu venir aussi haut, non sans rappeler les élans nostalgiques ahurissants de Star Wars VII, Jurassic World ou encore La Belle et la Bête.

Prenant place dans la ville de Berry dans les années 80 (contre 50 dans le téléfilm et le livre), le film retrace les mésaventures de sept jeunes de 13 ans : Bill (Jaeden Lieberher), Richie (Finn Wolfhard), Eddie (Jack Dylan Grazer), Ben (Jeremy Ray Taylor), Stanley (Wyatt Oleff), Mike (Chosen Jacobs) et Beverly (Sophia Lillis). Chacun rejeté de la société à leur manière, ils vont se retrouver en proie à la même menace : un clown (Bill Skarsgard) terrifiant s’amuse à faire peur aux enfants de la ville, et certains disparaissent même. En plus de pouvoir matérialiser les peurs de ses victimes, il se nourri de leur chair !

Alors que tout le monde attend fébrilement la seconde saison de l’exceptionnelle série Stranger Things, croisement miraculeux entre Les Goonies et Silent Hill, la formule visant à mélanger nostalgie, enfants et horreur refait surface avec une réadaptation d’un classique de la littérature qui a imposé dans l’imaginaire collectif l’image du clown terrifiant, bien que limiter le monstre de Ça à cette simple image serait erroné. Oui, c’est son apparence « basique », mais il est capable de revêtir n’importe quelle apparence imaginable. Une potentialité déjà bien mieux exploitée que dans le téléfilm, mais on a du mal à comprendre le choix de le faire apparaître systématiquement à un moment donné sous sa forme clown. Ou en fait si : c’est bien plus facile pour créer la connexion entre les enfants, tous pouvant dire « moi aussi j’ai vu le clown ». Une facilité scénaristique dommageable, de même que le raccourci ultra violent avec « le père ne voit pas le sang donc tous les adultes sont incapables de voir les manifestations, donc même pas la peine d’essayer de leur en parler ». Ah c’est sûr, ça évite de devoir trouver une bonne explication à « pourquoi les enfants se lancent-ils seuls contre un monstre pareil ? », mais du coup on reste continuellement là à se dire qu’ils sont des abrutis finis de ne même pas avoir essayé de prévenir quelqu’un qui serait mieux armé pour lutter contre une menace pareille. Enfin bon, la menace reste bien gentille dans la mesure où ses premières visites auraient pu faire mouche directement, prévenant de la menace avant de faire quoi que ce soit. Oui bonjour, c’est pour un meurtre, je ne dérange pas j’espère ? On reste globalement très dubitatif face à l’histoire, pas très originale ni crédible, abusant de stéréotypes, de clichés, d’hasards bien pratiques et de raccourcis honteux. On peut le dire, c’est assez mal écrit.

Heureusement, le reste des aspects du films sont pour la plupart bien plus convaincants. Commençons déjà par le point le plus réjouissant : le casting. Aucun mauvais acteur à signaler, les enfants sont tous très bons – étrangement le héros de Stranger Things est le moins bon du lot, c’est dire – notamment la jeune interprète de Beverly, absolument impeccable du début à la fin et la suite de sa carrière sera à suivre de très très près. Je prend les paris, elle recevra un Oscars dans les dix à venir. De fait on s’attache d’emblée aux personnages, surtout Beverly et Bill qui sont les plus importants, nous permettant de rentrer directement dans l’histoire, aussi peu crédible soit-elle. Si la mise en scène est convenue voir carrément contre-productive tant elle tue toute forme en suspense, la réalisation est très réussie, offrant une belle lisibilité à l’action et nous offrant quelques plans mémorables comme la désarticulation, la danse ou encore les corps flottants. Les panoramas sont magnifiques et certains mouvements de caméra sont superbes, comme toute l’introduction avec le bateau. Visuellement ça a de la gueule, le casting est au top et l’ambiance prend très bien, assurant un certain divertissement, mais difficile de s’enthousiasmer outre mesure face une écriture si faible et un frisson à ce point absent. Certes, le film avait de belles idées disséminées et il ose une forme rare de violence, tant physique que morale avec les parallèles sur les vrais monstres humains, mais c’est bien trop peu pour prétendre révolutionner le genre ou ne serait-ce que se poser comme une référence. Attendons le second chapitre pour être tout à fait définitif, mais c’est pour l’instant un peu trop creux.

Disponible aussi en vidéo complémentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=QhaaTSpIF8M

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