Le Procès du siècle
2017
Mick Jackson
Nominé aux Bafta dans la catégorie meilleur film de l’année et parlant de procès, que demander de plus ? Même pas besoin de savoir de quoi ça parlait, qui était impliqué dans le projet, j’avais déjà signé. Seulement dès la première scène, j’étais à la fois happé et angoissé : ce film parle de l’existence de l’Holocauste (massacre des juifs durant la Seconde Guerre Mondiale pour ceux qui se demandent). On part d’une question simple, à savoir « peut-on prouver que l’Holocauste a réellement eu lieu ? ». Oh mon dieu oui, le sujet le plus tabou de tous les temps va t-il enfin avoir le droit à un réel débat sur la véracité des supposées preuves ?! Ah bah non, faut pas abuser…
L’histoire se déroula fin des années 90 début 2000 alors que l’historien britannique David Ivring (Timothy Spall) intentait un procès en diffamation contre un professeur d’université américaine, Deborah Lipstadt (Rachel Weisz), qui l’accusait entre autre de négationnisme et racisme dans un ouvrage se moquant de ceux ne croyant pas en l’Holocauste. Si aux Etats-Unis la présomption d’innocence prime, faisant que dans un tel procès cela aurait été à Ivring d’apporter la preuve de la non existence de l’Holocauste, en Grande Bretagne c’est l’exact inverse : ce fut à Lipstadt de « prouver son existence ».
Le film semble très intéressant au début dans la mesure où il avoue que le camp d’Auschwitz n’était pas dans un premier un camp d’extermination, et que les preuves de cette transformation sont pour ainsi dire nulles. Les nazis ayant dynamité les lieux au moment de partir, les preuves sur place ne sont que pures spéculations ou le fruit de tests irrecevables, quant aux preuves aériennes elles restent largement discutables, entrant souvent en contradiction avec les témoignages de l’époque et les plans architecturaux. Entre un nombre de victimes variant de plusieurs millions au fil des décennies en fonction d’accords assez obscures, voir ouvrir un débat sur l’existence de l’Holocauste paraissait être la plus grande révolution de l’histoire en terme de liberté d’expression, nourrissant de réelles interrogations sur les réalités historiques. On était alors très curieux de voir les preuves de chacun, mais le film – apparemment extrêmement fidèle à la réalité en citant mot pour mot les retranscriptions du procès – se montre particulièrement décevant d’un côté comme de l’autre. Du côté de Ivring, son arrogance l’a conduit à sa perte, le faisant se confronter seul face à la fusion de plusieurs cabinets d’avocats (incluant Tom Wilkinson) très puissants et disposants de finances considérables. Déstabilisé pour un rien, son attaque passera rapidement d’impressionnante à ridicule, débordé par une quantité de frasques choquantes faisant passer papy Le Pen pour un bon samaritain. Quant au monstre juridique faisant travailler la moitié des avocats de Londres, il n’apportera à aucun moment la preuve de l’existence de l’Holocauste, basant l’intégralité de leur défense sur la nature douteuse des travaux de Ivring. On espérait un procès au sommet, preuves contre preuves, mais ça n’est en réalité que débâcle contre déballage de frasques. Les acteurs sont assez bons et le film se dote d’une patte visuelle volontairement désuète pour nous plonger dans l’ambiance de l’époque, montrant un vrai travail artistique derrière entre la réalisation quasi télévisuelle et l’étalonnage plus fade et granuleux, mais ça ne saurait rattraper l’inconsistance monstrueuse du scénario. Veine tentative de faire croire à une quelconque importance historique.
PS : à force de refuser d’examiner les potentielles les contres-preuves et de fermer la porte à tout débat sans jamais fournir la moindre preuve de l’Holocauste, on en viendrait presque à douter de la version officielle. Comme dirait le juge, on ne peut qu’être choqué par l’absence totale de preuves.