Conjuring 2 : Le Cas Enfield

Conjuring 2 : Le Cas Enfield
2016
James Wan

On ne peut pas dire que James Wan manque d’imagination quand on jette un coup d’œil à sa filmographie tant il a révolutionné le cinéma horrifique en inventant de nouveaux artifices redoutables, mais pourquoi se fatiguer à inventer des histoires quand la réalité regorge de faits palpitants ? Avec le couple Warren (Patrick Wilson et Vera Farmiga) qui s’est confronté à de multiples manifestations mystérieuses durant les dernières décennies, Warner a même vu les choses en grand en axant une licence entière autour dudit couple et des cas auxquels ils se sont confrontés. Après un premier Conjuring sympathique qui a explosé les compteurs au box-office, le premier spin-off Annabelle a presque atteint un score identique malgré une qualité médiocre, et les deux suites de ces deux films ont chacun dépassé leur prédécesseur. Il faut dire que la mention « tiré d’une histoire vraie » est aguicheuse, mais ça ne fait pas tout.

Le film se penche cette fois sur une affaire datant de 1977, se déroulant dans le quartier de Enfield à Londres. Une famille monoparentale de quatre enfants avait alerté les autorités concernant de terrifiantes et énigmatiques manifestations, mais à force de voir la situation empirer avait ensuite contacté les médias pour faire connaître leur détresse au public. Intrigués par des enregistrements audio semblant venir d’un vieillard mais émanant en réalité d’une anglaise de 12 ans, le couple Warren accepta alors de mener l’enquête.

Si déjà le film ne prend aucun risque en traitant de manière classique une histoire classique, on fait face à deux problèmes majeurs : la gestion de la peur et la véracité. Si  son prédécesseur ne faisait déjà pas grand chose pour nous surprendre tant les mécanismes semblaient antédiluviens, on a ici un phénomène à la fois inverse mais prévisible. En prenant quasi systématiquement le contre-pied des rouages habituels du genre, le frisson est oblitéré par la prévisibilité de ce qui ne va pas se passer. Or quand on sait ce qui n’arrivera pas, on sait par déduction ce qui va arriver. Concernant la véracité, l’histoire nous laisse à bien des moments perplexes. Au bout d’un moment on fini par s’en rendre compte et ça devient risible : les manifestations sont assez bidons lorsque quelqu’un d’autre que la famille est présente, et comme par hasard ceux qui sont toujours aux premières loges sont la fille et sa mère. Complicité ? Tous ceux qui ont étudié l’affaire de près en sont persuadés, d’autant que jouer le jeu permettait au couple Warren ainsi qu’à l’église de se redonner un peu de légitimité en pleine période de lynchage médiatique. Et puis au bout d’un moment, le coup du démon à exorciser, ça va bien. Evidemment, le film essaye de rendre ça le plus divertissant possible en faisant comme si tout était vrai, nous faisant angoisser à l’idée que de pareilles entités démoniaques ou fantomatiques existent, mais entre de trop grosses ficelles, un frisson minimal, une originalité en berne et une durée de 130 minutes nous laissant pleinement le temps de remettre en question ce que l’on voit, l’intérêt décroît fortement.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *