Les Flèches brûlées

Les Flèches brûlées
1952
Ray Enright

Dans notre paysage télévisuel, une chaîne assez spéciale ravira tous les nostalgiques de l’âge d’or d’Hollywood : la Paramount Channel, rediffusant en version restaurée leurs vieux films de la belle époque où le studio était encore un fer de lance de l’industrie, et pas un studio mineur en pleine débâcle. Genre délaissé aujourd’hui et qui fut pourtant l’icône majeur du cinéma, le Western vient nous rappeler ici le panache d’antan.

Dans ce genre de films, on a plusieurs thèmes très récurrents : la confrontation avec les indiens, les attaques de diligences, les demoiselles en détresse, les justiciers solitaires et les tueurs sanguinaires. Eh bien si on compile le tout cela donne ce film, où un certain Tex McCloud a tout perdu suite à l’attaque de sa ferme par des indiens et un tireur mythique qui sème la peur sur son sillage depuis près de vingt ans : la Rafale. Il va décider de partir à la rencontre de ce bandit pour lui régler son compte, mais il va aussi se retrouver malgré lui embarqué dans les combines d’une danseuse qui cherchait un usurier pour obliger son créancier à régler ses dettes, cette dernière s’étant attaqué à la promise de son créancier qui se trouve aussi être la nouvelle protégée de McCloud.

On retrouve ainsi tout ce qu’on aime dans nos bons vieux Western : des personnages charismatiques, de l’action, des villes lugubres, des manigances, du mystère, et le tout avec en toile de fond les paysages magnifiques de l’Ouest américain. Une formule simple, efficace, classique. Trop peut-être ? Le film avait en effet une piste miraculeuse, exceptionnelle quant à l’identité de la Rafale. Attention spoiler, la Rafale est en réalité le faux bienfaiteur de la ville à la pseudo mine d’or qui cache en réalité une affaire d’escroqueries qu’il réalise grâce à ses amis indiens. Pas de twist, d’apparence trompeuse ou de surprise : le sourire carnassier de l’homme trop parfait pour être vrai cachait bien le visage de l’antagoniste de l’histoire. Pourtant, avant la révélation, une piste autrement plus originale, couillue et révolutionnaire semblait encore possible : celle de la jeune indienne. Et si son clan avait fait d’elle un sniper hors pair dès son plus jeune âge et que par amour elle mette son talent à son service ? Un film de 1952 mettant en avant une jeune indienne pour incarner le grand méchant d’un Western, ça aurait tellement été jouissif et avant-gardiste. Un doux rêve qui restera lettre morte, fantasmant sur un mélange de Pocahontas et l’Ange de Verdun. Une ébauche trop calibrée pour son époque, mais promesse d’une potentialité formidable.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *