La Tour sombre

La Tour sombre
2017
Nikolaj Arcel

Voici sans doute la saga la plus méta de l’histoire. Assurément l’un des écrivains les plus prolifiques qui soit, Stephen King a débuté en 1982 une saga littéraire qui compte aujourd’hui huit tomes et dont la particularité est qu’elle est connectée à tous ses autres romans. Imaginez un univers à mi chemin entre du Western, de la SF et de l’héroïque-fantaisie, le tout se recoupant régulièrement avec chacune des histoires de l’auteur, même celle de Ça. N’ayant pas lu les livres de cette saga, je n’ai aucune idée de comment sont gérés les problèmes de temporalité puisque toutes les histoires ne se déroulent pas à la même époque, mais rien que pour le principe cela avait de quoi intriguer. Pour ne pas perdre le spectateur dans un surplus d’informations, un choix très judicieux a été apporté : le projet initial devait comporter trois films, dont le premier se contenterait d’introduire uniquement l’univers propre à la saga sans s’attarder sur les connexions, tandis qu’une série télévisuelle développée en parallèle devait permettre d’offrir à chaque monde interconnecté son chapitre. Un projet extrêmement ambitieux comme on en voit rarement, mais à trop vouloir le rendre accessible on fini par l’édulcorer.

La Terre, appelée Terre-clé, n’est qu’un monde parmi tant d’autres. Chacun d’entre eux gravite autour d’un lieu appelé l’Entre-Monde, au milieu duquel est érigée une tour sombre qui protège les mondes de la brume, espace maléfique qui borde tous les mondes et où vivent de terrifiantes créatures. Conflit éternel du bien contre le mal, depuis toujours deux camps s’affrontent : d’un côté les êtres échappés de la brume qui tentent de détruire la tour pour que règne la terreur et que les ténèbres s’abattent, et de l’autre les défenseurs de l’équilibre, les Pistoleros. Seulement depuis la venue de Randall (Matthew McConaughey), le mal gagne sans cesse du terrain et les Pistoleros sont tous tombés les uns après les autres. Seul Randall (Idris Elba) a survécu à l’extermination, mais tout espoir semble perdu.

Pour immerger le spectateur dans un univers, y plonger un personnage lambda est toujours une bonne solution. Enfin lambda pas tant que ça, et c’est dommage d’ailleurs. Un peu comme les midicloriens dans Star Wars I, on a là aussi une mesure de potentiel, le shinning, et évidemment le jeune héros explose tous les compteurs tel un élu. Un manque d’originalité qui vient rapidement prendre le pas sur un démarrage excellent. On découvre que les démons prennent l’apparence d’humains en posant des tissus de chair tel un vêtement, qu’ils se cachent parmi nous, enlève des enfants et les tuent pour essayer de détruire la tour (extrayant leur shinning pour le projeter contre la tour telle une explosion). Le coup de l’adolescent seul contre tous marche très bien avec ses visions assimilées à de la folie et on a un énorme plaisir à découvrir Katheryn Winnick en dehors de Vikings, campant ici la mère de l’ado. Fuir une menace invisible mais tangible, mener l’enquête pour savoir ce que veulent dirent les vision et découvrir tout un nouveau monde : le programme était alléchant et durant 15 minutes ont y croyait, puis plus rien. On se vautre dans des clichés d’élus et de prophétie, l’univers est balayé d’un revers de la main sans même faire mine d’avoir quelque chose à creuser, les personnages sont creux et le film tente de combler le vide avec de l’action bas de gamme. Pire, les dialogues sont parfois d’une bêtise affolante à l’image du credo des Pistoleros qui n’a aucun sens. Au final sans même savoir si le film avait quoi que ce soit à offrir, le projet s’annonçait mort-né avec une histoire à ce point lisse et des protagonistes creux à outrance. Si dans l’absolu le concept ne semblait pas complètement absurde, dans le cas présent ça laisse largement dubitatif.

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