The Warriors Gate
2017
Matthias Hoene
On ne peut peut-être pas tromper mille fois une personne, mais deux ça passe large ! Alors que la bande-annonce claquait et vendait clairement du rêve, je fus largement déçu de ne pas voir ce film diffusé dans mon cinéma lors de sa sortie en mars dernier, alors même que la production du film est française puisque produit et écrit par Luc Besson. Il faut dire que l’échec fut retentissant lors de sa sortie chinoise quelques mois plus tôt et a dû refroidir les distributeurs : alors que le film est une super-production de 48 M$ tourné sur place avec des acteurs chinois et s’orientant spécialement pour leur marché, le film fut un four historique avec seulement 3 M$ récoltés sur place. Et en même temps ça se comprend quand on plagie un film déjà pas brillant pour en faire un sous-produit encore plus fade.
Plagiant allègrement Le Royaume interdit en changeant « habilement » deux trois points pour passer entre les mailles du filet, le film conte encore une fois comment un jeune garçon occidental victimisé par ses camarades va devenir un grand guerrier suite à une aventure incroyable. Là encore pote avec un vieux asiatique tenant une boutique d’antiquités va lui confier un objet (l’épée devenant un pot) qui va le transporter dans la chine médiévale où il y a de la magie et une superbe princesse à sauver.
Seules les vingt premières minutes tentent de nous berner en faisant croire à une situation inversée où se sont les autres qui sont transposés dans le monde actuel – ce qui marcherait presque bien si les acteurs n’étaient pas si mauvais – mais en dehors du fait qu’on se paye un background encore plus pauvre, l’autre monde étant encore plus lambda puisque n’ayant même pas la légende du roi singe auquel se raccrocher ni deux des acteurs les plus prestigieux de Chine (le max niveau bankable du film c’est Sienna Guillory et Dave Bautista, c’est dire), l’histoire est à la virgule près la même. Là encore on retrouve quelques paysages magnifiques et des combats bien chorégraphiés pour faire passer la pilule, mais le fond est tellement minable et la forme insipide que le temps paraît très long. On se prend de plein fouet des « ta gueule c’est magique » et une avalanche de clichés entre le mentor pénible mais qui devient le meilleur ami et la princesse bonasse de laquelle le héros tombe amoureux, mais rien ne battra la gratuité du combat contre la sorcière, véritable spam qui pop-up sur un pont. Certes, l’idée de base du Royaume interdit était très bonne et son insuccès était dû à son incapacité à la traiter correctement, amenant le spectateur à rêver à remake moins narnardesque, mais ce plagiat non assumé arrive à faire pire en perdant le peu d’essence du matériau d’origine. Une contre-performance bluffante.
Bien fait ! Ça t’apprendra à regarder des films scénarisés par Besson !