Borg/McEnroe
2017
Janus Metz Pedersen
Alors déjà que ce qu’il s’est passé l’année dernière dans le milieu sportif en général, c’est beaucoup trop loin et j’en ai pas grand chose à carrer, mais alors du tennis d’il y a presque 40 ans, il aurait pu y avoir le meurtre du meilleur joueur de tous les temps en plein match que je n’en saurais absolument rien. Bref, les conditions étaient optimales pour se pencher sur une rivalité apparemment mythique puisque je peux ainsi juger le film sans avoir à l’analyser comme une adaptation d’histoire vraie et pouvant garder une part d’inconnu sur le destin de chacun.
Le film se concentre sur un événement majeur dans l’histoire du tennis : le tournois de Wimbledon de 1980 où le suédois Björn Borg (Sverrir Gudnason), numéro un mondial, concourait pour son cinquième titre d’affilé à seulement 26 ans (38 pour l’acteur), tandis qu’en face se dressait un autre prodige en pleine percée, l’américain numéro deux mondial John McEnroe (Shia LaBeouf), de cinq ans son cadet (soit 21 ans, et 30 pour l’acteur).
Quand on s’attaque à ce genre de film, la peur principale qu’on pourrait avoir serait qu’il ne s’adresse qu’aux fans, passant trop vite sur certains événements de peur d’ennuyer le spectateur aguerri mais délaissant les néophytes. Eh bien rassurez-vous d’emblée, même si j’ai été déçu de constater que le développement se concentrait à 80% sur Borg contre seulement 20% pour McEnroe, je ne me suis jamais senti perdu, comprenant bien qui sont les protagonistes (incluant Stellan Skarsgard en manager de Borg), d’où ils viennent et quelles sont leurs motivations. Plus que d’immenses sportifs ayant chacun marqué à sa manière le sport, leurs parcours atypiques sont passionnants et on voit l’intérêt de raconter leurs histoires et en quoi le tournois de Wimbledon de 1980 fut à ce point décisif et historique. Les acteurs, bien que largement trop vieux pour leurs rôles, sont à la fois ressemblants (d’après les images d’époques montrées à la fin) et bien interprétés, retranscrivant cette pression colossale, la rage intérieure et le dépassement de soi. D’un point de vue cinématographique, le film est aussi très réussi, composant avec une narration non linéaire, une réalisation intimiste quand c’est nécessaire et un montage très dynamique qui nous fait oublier les interminables heures que durent un match à ce point disputé. On se sent happé par cet événement sur-médiatisé qui dépasse de loin les deux pauvres joueurs, on se passionne pour l’histoire et les personnages et le film est très bien fait en terme de mise en scène et de montage.