Deadpool 2

Deadpool 2
2018
David Leitch

Il y a deux, après des années de bataille pour que le projet aboutisse, l’irrévérencieux Deadpool débarquait sur nos écrans dans l’excitation générale, quasi hystérique. Alors que la mode des super-héros battait son plein plus fort que jamais et que les X-Men furent parmi les premiers à entrer dans l’arène, le vent de fraîcheur que soufflait le film a tout emporté. Les records sont tombés par dizaine, que ce soit celui du plus gros démarrage de tous les temps pour le studio, pour un film classé R et même au final celui du film le plus rentable de la saga avec à la fois le budget le plus faible (58 M$) et les recettes les plus élevées (783 M$) dépassant même Days of Future Past. Il est vrai qu’entre une classification R autorisant le film à une vulgarité inédite et une violence plus graphique qu’à l’accoutumée, sans compter un montage très libre (bordélique ?) et du brisage de quatrième mur intempestif, le film changeait clairement la donne. Seulement voilà, de l’humour dans ce genre de film, on en a régulièrement, la violence psychologique a plus d’impact que de simples images, et pour ce qui est du scénario le film était à la fois classique et prévisible. Donc pour ma part, question renouveau il fallait repasser et je n’attendait rien de plus de cette suite qu’une irrévérence toute relative avec le meilleur ratio possible de gags corrects. Et effectivement, cette suite ne viendra pas bouleverser grand chose.

Un peu plus élaborée que la précédente, l’histoire nous plonge ici face à un dilemme digne de Minority Report : peut-on juger une personne sur ces actions futures dans le présent ? Visiteur venu d’un futur de désolation, Nathan Summers / Cable (Josh Brolin) a pu remonter le temps pour revenir avant le point de non retour. Dans sa réalité, le mutant Firefist est la cause du cataclysme, mais dans le présent, il n’est encore qu’un adolescent plein de colère envers son orphelinat (dirigé par Eddie Marsan) qui l’a maltraité durant des années. Wade Wilson, alias Deadpool (Ryan Reynolds), pense que l’enfant peut encore être sauvé et va tenter de s’interposer entre lui et Cable. Pour se faire, il va engager une équipe de mutant laissés pour compte et créer sa propre bande de super-non-héros : la X-Force.

De moins en moins à contre-courant, cette suite fait ce que toutes les suites font à Hollywood : réitérer la même formule avec un budget plus conséquent pour faire les choses en plus grand. Ainsi, avec 110 M$ de budget le film se dote de meilleurs effets spéciaux, fait preuve de plus d’ambition scénaristique et se calme sur l’avalanche de gags et le montage décousu. On retrouve bien sûr la sève du premier avec un quatrième mur plus explosé que jamais, des références à gogo et de l’humour trash, mais le travail gagne en maturité en proposant une histoire plus solide et aux véritables enjeux dramatiques. Chose pas évidente aux premiers abords, le film réussi à être crédible dans les phases solennelles. Autre bon point à noter : aucun des personnages – hormis le directeur de l’orphelinat – n’est manichéen et savent continuellement se remettre en cause. Ça contrebalance suffisamment l’humour moins présent pour garantir un intérêt sensiblement équivalant, tout en apportant pas mal d’espoir pour la suite : les nouveaux personnages introduits sont charismatiques et la fameuse scène post-générique génialissime rend infini le champ des possibles. On est encore loin d’avoir affaire à un must du genre, mais le film arrive à imposer une identité très personnelle et la formule marche.

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