Independence Day : Resurgence
2016
Roland Emmerich
Plus gros succès de la carrière du spécialiste des films catastrophes Roland Emmerich avec 817 M$ dans le monde, Independence Day devait initialement connaître une suite dès 1998, mais finalement cela ne s’est pas fait et le projet fut enterré jusqu’en 2013 avec l’anniversaire des 20 ans en ligne de mir pour un retour emblématique. Nous y voilà enfin, après des années à espérer ce que le premier n’a pas réussi à être : le blockbuster ultime sur une invasion extraterrestre, même si Edge of Tomorrow nous a offert bien plus qu’un simple divertissement explosif sur fond patriotique, rendant le rêve premier caduque. Cette suite est-elle finalement à la hauteur de nos rêves spectaculaires ? Avec les retours en demi-teinte et des résultats en salles alarmants aux Etats-Unis (six fois moins d’entrées par rapport au premier), la question se posait.
S’étant déroulée vingt ans plus tôt, la guère entre notre planète et les envahisseurs a laissé beaucoup de séquelles et a changé la face du monde (point d’anticipation, ici l’histoire se déroule dans un futur alternatif). Les résidus de la bataille a permis d’en apprendre beaucoup sur nos ennemis, leur technologie, leurs armes, nous permettant de nous préparer au mieux en cas de récidive. Le premier contact avait fait des centaines de millions de morts et personne ne voulait revivre ça, aboutissant à la création d’un conseil planétaire, une paix durable sur l’ensemble des continents, des protections orbitales et moult installations aux quatre coins de notre système solaire. Mais nous n’avons pas su voir les signes et la menace qui pesait sur nous était largement sous-évaluée…
Je n’ai qu’un mot à dire : merci. Voilà ce qu’Independence Day n’a pas su être et que nombre de blockbuster a tenté en vain de réaliser, à savoir une invasion spectaculaire avec une justification qui fait plaisir. Visuellement époustouflant, le film est aussi une très bonne surprise en terme de scénario. Désormais on en sait beaucoup plus sur le mode de fonctionnement des envahisseurs, peuple nomade dont les vaisseaux renferment tout leur écosystème, de même que leur place dans l’univers avec une vague idée de la menace réelle et de la potentialité de diverses espèces sur d’autres planètes. Leur technologie et son fonctionnement se précise tandis que notre nouvelle réalité alternative, dans laquelle notre civilisation a fait un bond spectaculaire grâce à l’apport technologique de la première vague vaincue, regorge de bonnes idées en terme de design ou d’avancée culturelle. Le film se concentre ainsi beaucoup sur la création de sa propre mythologie, s’intéressant aussi à la compréhension de l’autre au travers de l’étude de leur alphabet, système de transmission télépathique et mode de vie, ce qui sera notamment représenté par un plan vu par les yeux d’un extraterrestre. Énormément de bonnes choses au programme, un univers très riche et une histoire palpitante, mais à mettre en exergue avec une originalité douteuse. En effet, les extraterrestres ont un fonctionnement très proche des Rachnis de Mass Effect, le design et leur technologie ressemble beaucoup aux Protoss de Starcraft et le scénario n’est pas sans rappeler celui de Transformers 2 entre la source de pouvoir et le résidu mental, le tout saupoudré d’Aliens le retour. Des inspirations pas très honnêtes mais le résultat est néanmoins solide.
Côté réprimandes, on pourra aussi pester sur certains clichés tenaces, le rôle dominant des Etats-Unis dans le nouvel ordre mondial, le côté héroïque abusif, le racolage chinois ou encore certains des personnages dont l’utilité est plus que douteuse, mais n’oublions pas une chose. Outre le retour de têtes connues qui fait plaisir – Bill Pullman, Jeff Goldblum, son père, la strip-teaseuse ou encore le chef des scientifiques de la zone 51 – le reste du casting est impressionnant : Liam Hemsworth, William Fichtner et Charlotte Gainsbourg. Le film prend son temps pour installer son univers (près de 40 minutes avant que l’invasion ne commence), ce qui est fort louable, et le résultat ne déçoit pas. Toujours plus grand, toujours plus fort, Roland Emmerich nous offre un vaisseau de 5000 km de diamètre, de nouvelles armes démentielles, des explosions à gogo, de jolis effets de lumière dans un monde plus que jamais porté sur la technologie, mais aussi et surtout un monstre dantesque qui vient combler nos attentes les plus folles. Bref, ça envoie du lourd, presque autant que dans la seconde moitié de Transformers 3, et si la fin est un peu rushée le film reste tout de même très complet avec une histoire géniale et un spectacle ahurissant. Les résultats sont pour l’instant très décevants en terme de recettes (362 M$ à l’heure actuelle et probablement pas tellement plus de 400 M$ à l’heure de l’addition) et il serait dommage que la suite prévue ne voit pas le jour, mais à l’image de La Stratégie Ender restée sans suite le résultat est si intéressant et visuellement grandiose que devoir s’imaginer ce qu’il advient n’est pas si grave à ce niveau de qualité.
Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=NnaUBMUVt7o