Mary Poppins

Mary Poppins
1965
Robert Stevenson

Alors que défiant toutes probabilités une suite vient de débarquer au cinéma 53 après l’original, il était temps de revoir ce grand classique de Disney (un des plus gros succès de l’histoire puisque compte tenu de l’inflation, sur le seul territoire américain lors de ses sorties en 1964, 66 et 80, le film y a rapporté l’équivalent actuel de un milliard !), le dernier sorti du vivant du créateur du studio aux grandes oreilles et dont l’histoire derrière la création du film avait été raconté dans le très bon Dans l’ombre de Mary, qui valait d’ailleurs bien plus pour son histoire dans l’histoire que pour la démarche en elle-même. Malheureusement, le résultat final n’a plus grand chose à voir avec la touchante histoire vraie qui a inspiré le film.

Le film nous plonge dans la famille Banks, une riche famille d’une banlieue tranquille où le mari travaille à la banque pendant que sa femme joue les suffragettes et ses deux enfants terrorisent tour à tour toutes les nounous des environs. Fée dotée de pouvoirs magiques, Mary Poppins (Julie Andrews) va se donner pour mission de remettre les enfants sur le droit chemin, ainsi que leurs parents qui ont peu à peu perdu leur flamme. Pour l’aider dans sa mission, elle sera accompagné par Bert (Dick Van Dyke), un artiste saltimbanque qui n’a jamais cessé d’entretenir son âme d’enfant.

Un des plus gros succès de toute l’histoire du cinéma, le film fut largement acclamé à sa sortie avec une pléthore de récompenses, notamment pour son actrice principale qui décrocha le prix d’interprétation dans toutes les cérémonies, notamment aux Oscars. Il faut dire que les comédies musicales avaient le vent en poupe à cette époque, et le film était à bien des égares un sacré prodige. Bien sûr, la séquence de la chambre qui se range tout seule n’avait de rien de spécial pour l’époque, Ma Sorcière bien aimée ayant débarqué la même année, de même que l’usage des fonds verts pour faire des incrustations, y compris de dessins animés, était déjà utilisé pour des effets spéciaux dès les années 30, mais si la technique existait déjà la pratique était ici particulièrement réussie. Le style peut rebuter un peu aujourd’hui, mais le principe étant de faire travailler l’imaginaire et d’y donner vie, on accorde plus facilement notre suspension d’incrédulité. Si comme d’habitude les enfants sont atroces, ils sont heureusement secondaires, le duo Mary / Bert fonctionne très bien et les acteurs sont formidables. En revanche, l’histoire n’a aucun sens et paraît des plus décousues entre des personnages en roue libre, une absence de but réel et une finalité douteuse. Les innombrables chansons, à la qualité très discutable (musique minimaliste, paroles fades et qui se répètent très vite), semblent servir de bouche trou à une histoire pourtant inexistante, donnant au film des airs de show improvisé pas très inspiré. Bien sûr, si on est petit le charme de Mary, la magie et le côté entraînant des chansons suffiront largement à nous combler, mais passé un certain âge on constate amèrement une absence totale de fond.

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