Mowgli : la légende de la jungle

Mowgli : la légende de la jungle
2018
Andy Serkis

Voilà bien un projet qui me laissait de marbre. J’avais détesté le classique d’animation du Livre de la jungle, et l’auto-remake de Disney était un chouia moins bancal mais toujours aussi pauvre en terme de scénario, et les effets spéciaux n’étaient pas ouf. On était loin de L’Odyssée de Pi où la frontière entre imagerie numérique et véritables animaux était pratiquement indécelable. Prévu pour sortir lui aussi en 2016, face au mastodonte qui frôla le milliard au box-office, le film fut reporté d’une année entière, puis plus rien. Prenant la poussière au fond d’un tiroir, le film fut finalement sorti par Netflix en décembre dernier, déjà acquéreur du précédent film du réalisateur, Breathe. Censée être une version plus sombre et mature, et de fait bien plus attendue par certains, le film aura donc été privé de sortie en salle, mourant dans un catalogue surchargé où il est difficile de briller.

Toujours adapté du roman de Rudyard Kipling, le film nous narre une énième fois le passage à l’âge adulte d’un petit d’homme appelé Mowgli, humain dont les parents ont été tués peu après sa naissance par le terrible tigre Shere Khan. Il fut ensuite élevé par des loups, protégé par Bagheera la panthère et Baloo l’ours. Un équilibre qui fonctionnait tant bien que mal malgré les réticences de certains, mais entre des hommes de plus en plus envahissants et un Shere Khan se sentant un peu plus menacé par Mowgli chaque jour, la vie paisible de la jungle va basculer.

Il n’y avait visiblement rien d’autre à tirer du roman d’origine et on comprend pourquoi le film a été repoussé de plus de deux ans : pour laisser aux gens le temps « d’oublier » cette histoire qu’on connait par cœur. Les différences en terme d’histoire sont minimes, le film jouant toute fois dessus, comme lors de l’enlèvement des singes où il n’y aura pas de roi. En découle quelques « rebondissements » un peu méta, tentant de nous prendre à rebrousse poil en jouant sur notre connaissance de l’histoire, mais en réalité cela nous en sort puisque faisant appel à d’autres films, cassant ainsi le quatrième mur. De même, on s’étonnera de certains ajouts grossiers dignes d’un Disney, notamment l’ami albinos avec l’éternelle scène où une amitié se brise avec des propos méchants. Une facilité scénaristique pour créer des enjeux émotionnels, et ça ne prend pas. Reste l’aspect visuel, de loin le plus gros problème du film. Alors que la version Disney 2016 était déjà un peu limite, bien que plus convaincante sur les décors, cette version est ici largement en dessous. Les animations sont plus expressives mais si peu réalistes, et en terme de modélisation c’est un naufrage, aucun animal n’arrivant à créer l’illusion une seule seconde. Au moins pour les éléphants cela nous offre un assez beau spectacle, mais tous les autres sont lamentablement ratés. Trop grossière pour les adultes, pas aussi féerique que la version Disney, cette énième itération avait un certain potentiel mais semble s’être perdue en chemin.

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