X-Men : Dark Phoenix

X-Men : Dark Phoenix
2019
Simon Kinberg

Voilà donc le film qui a tué la franchise, au moment même où la saga bascule dans l’écurie Disney suite au rachat de la Fox. Un coup monté pour tuer la licence pour mieux la rebooter et l’intégrer au MCU ? Assurément pas, et tout ça est triplement faux. Déjà, le film qui a tué la licence et dont ce film paie en grande partie les pots cassés est Apocalypse. Alors que Days of Future Past avait apporté la plus belle pierre à l’édifice en proposant la réunion des deux univers, se terminant sur le teasing de l’arc le plus intéressant des comics et un futur qui nous tardait de découvrir, Apocalypse a fait toutes les erreurs possibles et imaginables : placer l’histoire dans le passé avec un recasting de certains acteurs emblématiques comme Jean Grey ou Cyclope, créant des incohérences monstrueuses avec des acteurs de dix ans trop vieux, et l’écart de charisme entre les anciens et ces nouveaux pour qui on part sans aucune affecte achève de les rendre insipides. Les retours furent très mitigés, et toute suite décevante entraîne de mauvais résultats pour le suivant.

Alors certes, même si ce film eu des retours encore plus mauvais, que le film n’arrive pas sur l’ensemble de sa carrière à égaliser le week-end de lancement du précédent déjà décevant au box-office, on obtient alors l’un des plus gros échecs de l’histoire au box-office. Entre un budget de base de 200 M$, des reshoots massifs (au moins 50-100 M$) et une campagne marketing de blockbuster, le budget final est estimé à 350 M$, hors les recettes furent de 252 M$, donc en comptant 50% de distribution et 75% en Chine (très taxé), on obtient à peine 110 M$ dans la poche du studio, soit un déficit historique d’un quart de milliard. Pour ce qui est de la théorie de Disney torpillant la licence pour la reprendre, déjà quand on balance 75 milliards sur la table ça n’est pas pour encaisser des fours retentissants, mais en plus elle comptais reprendre le casting des films, notamment Wolverine, donc ce désamour est un coup dur pour eux. Enfin bref, parlons du film.

Toujours avec les mêmes acteurs qui avaient fait un bond de vingt ans l’air de rien (et on en est à 25 ans d’écart dans l’histoire avec First Class au calme alors qu’il n’y a eu que huit ans d’écart en terme de tournage), le même scénariste que X-Men : l’affrontement final revient avec la même histoire, chronologiquement vingt ans plus tôt. Du génie ! Ainsi, Jean Grey (Sophie Turner) est à nouveau en proie avec un dédoublement de la personnalité entre celle que les autres connaissent et le Phoenix, être né de la colère de son passé oublié. Seulement cette fois, lors d’une mission spatiale, une force cosmique est entré en contact avec elle, décuplant sa force et sa folie latente, la rendant vulnérable face à une autre menace bien décidée à se servir d’elle : Vuk (Jessica Chastain), chef d’une race extraterrestre qui veut se servir de cette force cosmique pour prendre possession de la Terre.

Comment a t-on pu tomber aussi bas ? Si déjà l’idée d’adapter un arc déjà traité dans la franchise était un non-sens absolu, la nouvelle version est clairement très en deçà de la précédente tant en terme d’histoire, de personnages, d’acteurs ou même d’un point de vue divertissement. Le concept de race alien arrive de nulle part, ni leurs pouvoirs ni leurs motivations ne sont expliqués (en dehors de se trouver un nouveau foyer, mais n’est-ce pas déjà fait ?) et leurs choix n’ont aucun sens. Si la quasi intégralité des leurs ont été exterminés par la force cosmique, ne devraient-ils pas être extrêmement prudents et ne pas sacrifier les leurs par centaines comme du menu fretin ? Magneto et Charles ne servent à rien, ou si peu, et les déviances de ce dernier sortent de nulle part, n’ayant jamais été développées dans aucun autre film. Le traitement des personnages est mauvais, et si les « anciens » comme Eric / Magneto (Michael Fassbender), Charles Xavier / Professeur X (James McAvoy), Raven / Mystique (Jennifer Lawrence),  le Fauve (Nicholas Hoult), ou encore Peter / Vif-argent (Evan Peters) ne sont pas trop mauvais, quoique clairement peu investis, on ne peut pas en dire autant des fraîchement arrivés de Apocalypse. On aura rarement vu une telle absence de charisme chez Cyclope (Tye Sheridan), Jean Gray (Sophie Turner), Diablo (Kodi Smit-McPhee) et Tornade (Alexandra Shipp), pourtant personnages emblématiques qui avaient de très bons acteurs dans l’autre timeline. C’est d’autant plus regrettable quand l’histoire se centre plus que jamais sur eux. Même visuellement le film est pauvre : une vieille rue de banlieue, devant un immeuble en ville de nuit, dans un train ou sur un terrain vague dans une forêt, pas un seul lieu d’action ne sera intéressant ou original. Les décors n’ont pas d’âme et font parfois cheaps, improvisés en CGI dans un déluge d’effets spéciaux parfois très laid comme quand Jean et Vuk sont dans la chambre. Absence de charisme ou de motivation côté casting, une redite d’histoire qui se vautre et multiplie les incohérences incroyables avec le futur qu’on connaît de Days of Future Past, de l’action banale et un manque de grandiose dans la réalisation. Le film est un échec sur tous les tableaux. Après un Apocalypse sans grandeur et tellement décevant, cette suite se vautre et nous prouve, si besoin était après l’excellent Logan, que cette timeline n’avait plus aucun intérêt et qu’il aurait fallu mille fois plus continuer l’autre. La saga est morte, à voir ce que Disney en fera, et c’est tellement dommage tant certaines fulgurances dans la franchise ouvraient les portes à tant de rêves prometteurs.

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