Air America

Air America
1990
Roger Spottiswoode

Deux légendes du cinéma dans un même film il y a pourtant près de trente ans, c’est complètement fou. Ni flop ni succès, il est clair qu’un duo d’affiche pareil aurait clairement plus rameuté aujourd’hui, le film ayant tout juste amorti son budget brut à domicile (pas de chiffres internationaux disponibles). Me rappelant surtout du film pour l’une de ses premières scènes où un jeune fougueux pilotait un hélicoptère en ville à un mètre du sol pour faire dans le sensationnel, il m’est prit d’une envie soudaine d’y replonger, et grand bien m’a fait.

L’histoire du film se déroule en 1969, en pleine guerre du Vietnam alors que les Etats-Unis enchaînent les déconvenues face aux forces communistes depuis plus de dix ans et que le conflit a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de soldats américains (et plus d’un million de locaux, dont une majorité de civiles en dommages collatéraux). L’opinion publique rejetant massivement la guerre et le gouvernement n’assumant plus les échecs à répétition, une base secrète avait alors été installée au Laos, ravitaillant les locaux et acheminant le matériel nécessaire de façon clandestine. Chroniqueur radio à bord de son hélico, Billy Covington (Robert Downey Jr) va se retrouver cloué au sol suite à un numéro acrobatique dangereux, faisant de lui le candidat idéal pour venir refaire les rangs des pilotes top secret du Laos, les forces communistes arrivant régulièrement à abattre leurs appareils. Il y rencontrera alors Gene Ryack (Mel Gibson), un autre pilote confronté depuis pas mal d’années à la réalité du terrain, et il va se rendre compte que le rôle de sauveteur américain cache une réalité bien plus sombre.

Voilà ce qu’on appelle une comédie satyrique : alors que la guerre au Vietnam était encore fraîche dans la mémoire des gens (le film sortant à peine 11 ans après la défaite signée), le film vient déterrer la merde pour nous y mettre le nez en plein dedans, tout en s’en moquant. Perdre des hommes ? La belle affaire ! La guerre a très vite été oubliée sur le terrain au profit du profit, quitte à pactiser avec l’ennemi et jouer avec eux les trafiquants d’armes et de drogues. Le film confronte donc un petit jeune idéaliste face à une bande de vieux loubards désabusés qui s’amusent du chaos ambiant, avec le gouvernement américain qui joue les vierges effarouchées à la moindre question, s’essuyant le nez plein de cocaïne et cachant tant bien que mal des malles pleines de billets couverts de sang. Mettant en avant deux acteurs extrêmement charismatiques, le film se paye le luxe de décors réels et d’un grand nombre d’avions, donnant plus d’impact à l’ensemble. On passe donc un bon moment, alternant les passages choquants, drôles et impressionnants. Puis vient alors la fin, nous faisant découvrir un point insoupçonné sur l’histoire, et dévoilant des péripéties à mourir de rire, le coup du loto étant d’anthologie. On se passionnera ou non pour cette histoire pas aussi nihiliste qu’il y paraît, mais ça reste sacrément efficace.

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