Incognito
2009
Eric Lavaine
Bigre ! On pense se faire une petite soirée « repos » en se revoyant une petite comédie qu’il nous semblait avoir apprécié à l’époque et qui n’aura donc pas besoin de repasser sous ma plume (sauf changement d’avis important), et on se rend compte que malgré une décennie entière et près de 2500 critiques écrite sur le site, à quelques mois près le film n’a pas fait l’objet d’un article. Il me semblait tenir là l’une des bonnes comédies françaises de l’ère moderne, mais il est vrai que l’avalanche d’immondices aide à la clémence.
Le film va combiner deux grands clichés / classiques du genre : l’artiste escroc et le mensonge de vie. On y suit Luka (Bénabar), chanteur qui a fait carrière grâce aux chansons d’un ami mort, devant faire face au retour de son dit ami, en réalité en retraite spirituelle en Inde depuis dix ans. Absolument pas au fait de l’actualité people ou musicale, son ami Thomas (Jocelyn Quivrin) ne sait donc pas que son ami l’a dépouillé de ses chansons. Tétanisé par la peur de voir son monde s’effondré, profitant du voyage de sa femme (Anne Marivin) et d’un pote squatteur (Franck Dubosc) prêt à aider, sans compter le fait que Thomas n’est là que pour trois jours et étant la première personne à l’avoir croisé à son arrivée à l’aéroport, Luka va donc tenter de se la jouer incognito.
Ah ce bon vieux mythe du talent, comme s’il suffisait d’en avoir, ou de spolier quelqu’un qui en a, pour jouir de la gloire. Le meilleur exemple du genre – et plus abouti d’ailleurs – est sans contestes The Words, où le truandage ne concerne pas des paroles de chansons mais un livre. Seulement ici, outre le mythomane artiste, le film y ajoute une autre couche, celle du dénie d’artiste lui-même ! C’est donc d’autant plus piquant, mais face à une aussi vieille amitié on se demande bien pourquoi un tel mensonge. La mise en place est assez laborieuse aussi, l’homme oubliant directement toutes ses obligations et ne faisant aucun effort pour changer son look. Honnêtement, avec un physique aussi banal, ne pas se faire reconnaître serait tellement facile avec un peu de bonne volonté, même sans éveiller les soupçons de son ami. Enfin bon, c’est drôle, parfois limite côté malaisant, mais pas grand chose à dire. Dubosc fait du Dubosc, le scénario est prévisible à souhait et les gags s’enchaînent à un rythme plutôt bon. Pas ouf mais sympa.