Pokémon épée


Pokémon épée
2019
Switch

Bien que je n’en avais pas écrit de critiques, j’avais eu l’occasion de tester les dernières générations 6 et 7 du temps de la Nintendo 3DS, qui ont redéfini le style graphique moderne de la saga, mais qui ont surtout marqué un essoufflement de fond. Les progrès en terme de mise en scène et de modélisation 3D étaient indéniables, mais l’histoire était en chute libre et les mécanismes lassaient, alors même que la cinquième génération avait signé le renouveau de la franchise avec un scénario presque bon et un sentiment d’enjeux véritables. Avec l’arrivée de la franchise principale sur une console plus ambitieuse, la Switch, l’espoir de voir un épisode radicalement différent et plus abouti était immense. Bien trop malheureusement.

Graphismes : 13/20

S’il a toujours été difficile de briller sur des consoles portables, les précédents opus étaient néanmoins à chaque fois parmi les plus beaux de leur ère, et le constat est très loin d’être similaire ici. Quand on compare à d’autres mondes ouverts comme Breathe of the wild, la comparaison est douloureuse. Alors oui, c’est mignon, coloré, en terme de design les nouvelles créatures sont intéressantes, et on peut dire que c’est la plus belle itération de la saga, mais compte tenu des performances de la console, on est plus proche des opus 3DS que des musts de la Switch… Côté environnements, c’est assez pauvre : quelques côtes, de grandes étendues, des lacs, des montagnes, quelques passages sous la neige. Du classique rarement inspiré. Seule la caverne aux pierre brillantes, déjà présente dans les opus X et Y, est à peu près une bonne surprise. Clairement en terme de mise en scène, de décors et même de modélisation il y avait largement mieux à faire comme le prouvent les premières images des extensions à venir, notamment la seconde. Avec en plus un clipping énorme (distance d’affichage, faisant apparaître des personnages / pokémons à quelques mètres à peine) et des effets climatiques intempestifs empêchant de voir correctement les décors, on pouvait clairement espérer mieux.

Jouabilité : 16/20

Depuis le premier opus sorti en 1995, le système de jeu n’a pratiquement pas bougé d’un iota. On continue inlassablement d’attraper nos pokémons avec nos pokéballs, on démarre avec un starter plante/eau/feu, on peut avoir six pokémons ayant chacun quatre attaques, et on fait tout ça pour avoir nos huit badges et défier la ligue, avec une histoire de pokémon légendaire sur notre route. En plus de deux décennies, le principe du jeu n’a donc pas bougé d’un cheveu, mais au moins de nombreux changements bénéfiques se sont progressivement greffés. Si on regrette les mégas-évolutions, on aura à la place un dynamax impressionnant lui aussi, avec un niveau dynamax à faire monter avec des bonbons à obtenir dans la principale nouveauté du jeu : les raids dynamax. On y affronte à plusieurs des pokémons dynamax, ce qui permet d’obtenir pas mal de bonbons pour booster son équipe, d’obtenir des CT, et potentiellement capturé des pokémons avec des IV très forts. Le jeu devient aussi beaucoup moins frustrant une fois terminé : la boîte est accessible de partout, plus besoin de CS pour avancer (ce qui détruisait le moovepool de certains de nos compagnons), on connaît désormais les EV et IV de nos pokémons avec précision, et en cas de capture de légendaire, on n’est plus obligé de recommencer quinze fois pour avoir de bonnes stats et la bonne nature. Désormais, via la tour de combat, on peut booster nos IV à 31, changer de nature à volonté. Certes, c’est long, mais moins aléatoire et frustrant qu’un élevage à l’aveugle. Le système d’échanges en ligne permet aussi de facilement compléter le pokédex, ce qui permet de lutter contre la triche, car la patiente permet dès à présent de se forger une team parfaite. L’aventure est donc moins contraignante et le post game moins frustrant, nous donnant à tous les clés d’un farming plus fun, plus rapide, avec surtout une gestion totale. Enfin ça, c’était avant la sortie du « Pokémon Home » qui permet d’importer des légendaires qui détruisent le méta-game pour tous ceux qui ne payent « que » le online…

Durée de vie : 18/20

Plus casual que jamais avec les raids faciles qui permettent de booster très vite son équipe et une ligue qui nous soigne entre chaque combat, le jeu peut se plier en moins de 25 heures pour ceux qui veulent tracer, ce qui est tout à fait correct. Personnellement, ayant fait l’erreur de farm direct pour une équipe stratégique, finir la ligue et capturer le légendaire Zacian m’a prit plus de 40 heures. Mais c’est alors que commence le vrai jeu : se constituer son équipe, farmer les oeufs pour avoir les bons IV et la bonne nature, faire le EV puis faire le moovepool, à moins qu’on ait par exemple besoin de Toxic sur son Noacier, attaque par reproduction, ou atterrissage sur Minisange, auquel cas il faut sen occuper avant. Il faudra farm les raids et la tour de combat pour avoir son équipe au max et enfin pouvoir se mesurer au challenge des combats en ligne, le jeu devenant l’un des meilleurs jeux de stratégie tant la quantité de pokémons disponibles, d’attaques et de combinaisons de types obligent à une grande réflexion en amont où l’équipement est aussi primordial. Entre quelques événements ponctuels et l’arrivée de prochaines extensions, le jeu s’inscrit sur la durée et l’intérêt n’a jamais été aussi fort.

Bande son : 12/20

Franchement oubliable. En dehors du thème style écossais sur les terres sauvages, et à la rigueur le chant de guerre lors des combats de champions en stade, la plupart des musiques sont clairement inexistantes. Toujours pas de doublages, ni même d’effets sonores à la Zelda lors des dialogues, et on est loin de la qualité des compilations / plagiats de Noir et Blanc par exemple. L’Angleterre n’aura pas inspiré outre mesure les équipes de Gamefreaks.

Scénario : 6/20

Oui, Pokémon n’a jamais tellement brillé pour son histoire, et ça n’est pas cette leçon écologique qui y changera quoi que ce soit. Le questionnement de la condition d’esclaves des Pokémons de Noir et Blanc était sans nulle doute la meilleure itération, avec de vrais personnages charismatiques. L’histoire sonne ici comme une redite de X et Y, déjà très faibles en terme de narration, et les héros sont ici vides, les enjeux ennuyeux, les méchants ridicules et les légendaires quasi absents.

Note Globale : 15/20

On ne va pas se mentir : la saga peine à se renouveler. Jouer à Pokémon aujourd’hui ou il y a 25 ans ne change pas fondamentalement l’expérience, c’est juste moins contraignant, avec plus de pokémons, de types, d’objets et d’attaques, rendant la stratégie plus complexe. Sans pour autant faire honneur à son époque ou à la technologie qu’est la Switch, les progrès esthétiques sont là et ça reste agréable à regarder et à jouer. Nombreux en attendaient plus et se lassent de voir une liste de monstres se rallonger plus que de raison, de voir de nouvelles régions et de nouveaux personnages sans pour autant que cela ne change quoi que ce soit. Chaque nouveau jeu ressemble donc plus à une mise à jour qu’à une révolution salvatrice, mais pour peu qu’on soit un fan acharné de la première heure ou qu’au contraire on saute régulièrement une ou deux générations, le jeu est alors pleinement justifié. Exit désormais aussi la version deluxe à peine retouchée sortant l’année suivante, place aux extensions rallongeant la durée et permettant plus de diversité. Un changement bienvenu qui nous permettra de nous y replonger régulièrement pour un coût inférieur à un nouveau jeu, ce qui permettra à tout le monde de mieux s’y retrouver.

Ce contenu a été publié dans Critiques, Jeux vidéo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *