Matrix Resurrections


Matrix Resurrections
2021
Lana Wachowski

Officiellement annoncé en 2012 pour une sortie fixée en 2014, la suite de la trilogie Matrix a connu bien des changements, avant même de subir de plein fouet la crise du covid avec de longs mois d’interruptions. Si tout le monde ou presque est d’accord pour dire que le premier était un précurseur, toujours aussi abouti plus de deux décennies après, les deux suites ont beaucoup plus divisé, sombrant dans la surenchère de spectacle et délires pseudo philosophiques. C’était donc avec nostalgie, impatience mais surtout anxiété que le monde attendait ce nouvel opus, arrivant 18 ans après Matrix Revolutions, et au final pas du tout : entre des critiques glaciales, un Spider-Man plébiscité en face, et surtout la disponibilité en VOD immédiate, et donc du téléchargement illégal massif, le film est déjà entré dans l’histoire comme l’un des fours les plus violents de tous les temps, peinant à faire le tiers des entrées du dernier volet, déjà en chute libre par rapport au second opus. Et bigre que c’est mérité.

Le cycle a-t-il donc bien été brisé ? Oui, mais seule une partie des machines a décidé de laisser vivre l’humanité, et vu l’état du monde, la majorité de l’humanité continue de préférer vivre dans une matrice, ce qui arrange bien toutes les machines qui continuent d’exploiter les humains pour en tirer leur énergie. Dans cette optique, les machines ont finalement sauvé Néo (Keanu Reeves) et Trinity (Carrie-Anne Moss), mais se doutant qu’ils ne sont pas heureux dans la nouvelle matrice, une humaine éveillée (Jessica Henwick), son équipage et le programme recyclé de l’agent Smith devenu gentil, tous vont tenter de les ramener dans le vrai monde.

Dès le début les craintes s’amplifient. Les effets de ralentis sont immondes, les incrustations de flashback maladroites, et le message « ouin la Warner a mit la pression pour faire une suite » est d’une finesse digne d’un mammouth… Le parallèle jeux-vidéo / monde virtuel de la matrice est tout sauf fin, et si les blagues sur Keanu Reeves en mode chucknorrisfact passent dans un Expendables 2, c’est ici malaisant à outrance, de même que le tour de table sur la trilogie qu’on fait passer pour des jeux-vidéo qui fait le tour des théories comme une vaste blague en crachant à la gueule des spectateurs en se foutant d’eux, en crachant sur les sagas en se plaignant que le studio leur a mit la pression pour faire une suite. Le personnage de l’analyste (Neil Patrick Harris) marche assez bien, donc les techniques utilisées pour maintenir Néo dans la matrice sont intéressantes, mais tout le reste du scénario est vide à outrance. Aucun enjeu autre que ramener les deux tourtereaux dans le monde réel, on ne parle quasi pas de la guerre entre les machines, pas de grand changement dans aucun des mondes, et tous les thèmes abordés l’ont déjà été dans les trois précédents en mieux. Le film ne raconte rien, le rythme est catastrophique, les ralentis sont immondes, la réalisation terriblement décevante, Néo est vieux, fatigué, ne faisant qu’utiliser le même pouvoir en boucle, les combats sont affreusement mous, mal chorégraphiés, et les dialogues sont quasi nanardesques. Mon dieu que le personnage du Mérovingien (Lambert Wilson) est souillé ! Et le principe de la purge n’est de fait pas respecté, donc le peu que le film raconte n’est même pas cohérent avec lui-même. Si c’était pour faire ça, il valait mieux passer son tour ou laisser la main à quelqu’un d’autre, ça aurait difficilement pu être pire…

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