Avatar : la voie de l’eau


Avatar : la voie de l’eau
2022
James Cameron

13 ans. Treize longues années auront été nécessaires pour enfin découvrir la suite des aventures d’Avatar sur Pandora. Pour les fans avides d’une seconde plongée et au delà, l’attente fut un périple aux nombreux rebondissements. Deux suites avaient été annoncées dès 2010 pour un tournage d’un an en 2012 pour des sorties fin 2014 et 2016. Puis suite au retard de l’attraction Disneyland, tout fut décalé de deux ans. Et patatras, James Cameron a ensuite décidé de partir en réécriture pour transformer la trilogie en pentalogie, pour des sorties en 2018, 2020, 2024 et 2026. Une pause de quatre ans était prévue entre les volets 3 et 4 pour cause de tournages séparés en deux. Décidant finalement de presque tout tourner d’affilé (les 2 et 3, 75% du 4 et quelques scènes du 5 pour éviter que les jeunes acteurs ne grandissent trop) Nous en sommes finalement arrivé à ce calendrier (définitif ?) d’un film tous les deux ans entre 2022 et 2028. Un sacré programme, et le réalisateur n’exclut pas d’aller au-delà de cinq films, tout en ayant conscience qu’en 2028 la barre des 80 ans sera proche et qu’il faudra sûrement passer le flambeau.

Le temps a passé pour nous, et il en est de même pour ceux que nous avions laissé à la fin du premier film. Jake (Sam Worthington) et Ney’tiri (Zoe Saldana) ont désormais 3-5 enfants : deux garçons et une fille biologiques, une fille pleinement adoptée, inexplicablement née de l’Avatar de la scientifique Grace Augustine (Sigourney Weaver), et Spider (Jack Champion), le fils caché de feu le colonel (Stephen Lang). La conscience et la mémoire de ce dernier ont d’ailleurs été implantés dans un corps d’Avatar, car si la précédente expédition a été chassée, l’humanité, ayant épuisé une grande partie des réserves de la Terre, compte bien exploiter plus que jamais les ressources de Pandora.

Aucun doute possible, l’attente était colossale. Malgré une absence de sortie en Russie (top 15 des plus gros consommateurs de cinéma), une Chine encore fébrile et des États-Unis sous un blizzard historique, le film fera déjà plus de 1,3 milliard d’ici le nouvel an en une quinzaine de jours, et la barre des 2 milliards espérée sera largement atteinte. Probablement 2,4 en fin de carrière, ce qui est fou après tant d’années. En France les 14,7 millions d’entrées du premier ne seront sans doute pas égalés, mais avec 9 millions en trois semaines, il n’en sera vraiment pas loin. Mais est-ce l’amour du premier volet qui rayonne à nouveau, ou est-ce que cette suite est une nouvelle claque à la mesure de son prédécesseur ?

Si en 2009 le gap entre nos modestes installations maison, stéréo et même pas forcément de HD, et le cinéma était phénoménal, quand on passe aujourd’hui du confort accru de la maison avec écran géant 4K et barre de son 5:1 à un cinéma non Imax, le ressenti n’est plus le même. J’irais même plus loin : si vous ne faites pas le déplacement pour le voir en Imax, le retour à une 3D terne enlèvera une bonne partie du grandiose du film. Car en dehors des images à couper le souffle, affichant des prouesses sous-marines inégalées, seule l’ambiance vous emportera vraiment. La musique est incroyable, mais en dehors de l’ambiance et son univers, le film déçoit un peu.

Les méchants humains le retour, un clone du colonel, fuir et apprendre une nouvelle vie, tout n’est que redite. Les enjeux sont les mêmes pratiquement, seul le thème de la paternité vient s’y greffer, au détriment justement desdits parents. Jake est presque aussi mauvais père que le colonel. Ney’tiri, bien que nous réservant quelques passages intenses, est peu présente, et le trop grand nombre d’enfants sème la confusion. On notera aussi les « présences » de Kate Winslet et Cliff Curtis en chefs de la tribu de l’eau, là encore effacés au profit de leurs enfants. Il manque aussi du grandiose dans l’action, une bataille de plus grande ampleur, avec plus de bâtiments, l’armée de baleine, le retour de Toruc du fameux Toruc macto qui n’est plus macto de rien du tout. De ce point de vue là, on reste sur notre faim. Trop d’exposition et de contemplation durant ces plus de trois heures de long-métrage. Toujours plus abouti visuellement, bien qu’un cinéma classique non giga multiplex avec Imax ne permettra pas de pleinement l’apprécier, ce nouveau chapitre reste trop pauvre en écriture pour marquer autant que son modèle. Un grand film, mais dont les ambitions sont trop limitées au visuel.

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