The Body
2012
Oriol Paulo
Boudé par les distributeurs français, même pour une sortie en support physique ou VOD, il aura fallu attendre 2017 pour qu’enfin quelqu’un se penche dessus : Amazon. Tout premier film du réalisateur Oriol Paulo dont j’avais adoré L’Accusé, thriller incroyablement bien pensé et ingénieux, tant dans son écriture que sa mise en scène, il asseyait déjà sa plume – étant aussi scénariste dessus – et son sens particulièrement poussé du suspens.
Ayant succombé au charme d’une de ses élèves, un professeur va trouver en elle un échappatoire à sa femme, autoritaire, envahissante, et surtout vieillissante. Mais au delà de troquer une femme de 13 ans de plus que lui pour une jeunette 12 ans plus jeune (donc 25 ans de moins), il voulait le beurre et l’argent du beurre. En effet, sa cougar de femme se trouve être une riche présidente d’une agence pharmaceutique, et plutôt que de tout perdre avec un divorce, il va tout simplement empoisonner sa femme. Une affaire réglée ? Pas tellement, car le soir même de la mort de sa femme, son corps sera volé à la morgue, amenant la police à enquêter sur lui.
N’y allons pas par quatre chemins, le film est une classe de maître en termes d’écriture. Le principe est simple : on nous donne d’emblée l’information comme quoi le mari a tué sa femme, comment il a procédé et pourquoi, mais tout ne va pas se passer comme prévu. L’enquête semble patiner pour tout le monde, personne ne semble savoir qu’est-ce qu’il s’est passé, que ce soit le meurtrier, la police, le spectateur, on ne sait pas et on ne saura pas ce qu’il se passe avant la toute fin. Car si le film ouvre sans cesse des pistes, il joue surtout avec nous, en nous donnant des cartes biaisées, incomplètes, sorties de leur contexte. Les twists sont retors et pleuvent en continue, sans savoir d’où viendra la prochaine claque, jusqu’à la récompense finale tellement imaginative et percutante. Reste quelques maladresses, des acteurs pas toujours convaincants, une mise en scène montrant d’évidentes limites budgétaires, mais la puissance de l’écriture balaye tout sur son passage. Juste brillant.
Tous les films de Paolo sont top. On vient juste de finir de regarder sa série Netflix : Innocent, et c’était très bien aussi. Un poil long, mais très bien.
Les lignes courbes de dieu était aussi vraiment bien. Dans la lignée de Shutter Island.