Rambo II : la mission


Rambo II : la mission
1985
George Pan Cosmatos

John Rambo n’est pas mort ! Alors que c’était le cas dans le livre et dans la première version du premier film Rambo First Blood, suite à des projections tests, une fin alternative fut tournée où ce dernier était simplement arrêté. Et quelle aubaine ! Avec 125 millions de dollars dans le monde, le film a presque rentabilisé dix fois son budget, amenant les producteurs a imaginer une suite qui fut parmi les plus gros succès de l’histoire à sa sortie avec 300 M$ dans le monde, l’équivalent de 760 M$ avec l’inflation. Mais encore fallait-il trouver une idée…

Devant travailler au bagne pour une décennie entière suite aux incidents du premier film, John Rambo (Sylvester Stallone) sera finalement débauché pour une nouvelle mission, et pas des moindres : retourner au Vietnam pour chercher de possibles prisonniers en vues d’une potentielle mission de sauvetage.

Vraisemblablement pas fautes de moyens, affichant un budget colossal de 44 M$ (l’équivalent d’une centaine de millions après inflation, ce qui était vraiment énorme pour l’époque), il faut probablement chercher du côté des innombrables crimes de guerre commis par les Etats-Unis, notamment le fameux dédommagement de 4 milliards jamais versé dont le film fait mention, pour comprendre le gros souci logistique. Pour le spectateur lambda, assurément quasi personne n’y fera attention, mais entre l’expérience personnelle et une vietnamienne à mes côtés, le tournage « vietnamien » en réalité 100% mexicain brise un peu l’immersion, de même que les accents (en VO je précise) clairement pas natifs du Vietnam. On passera aussi sur la réalité historique aberrante où plus de dix ans après la fin de la guerre des prisonniers sont gardés – et de fait nourris – alors même que le pays souffre d’une famine terrible, et qu’entre les pillages, armes chimiques, victimes collatérales et quantité phénoménale de viols (y compris sur de très jeunes enfants), la haine contre l’envahisseur américain n’aurait jamais permis de garder de telles ordures en vie pendant dix ans, même pour le plaisir de la torture.

Passons donc tous les griefs culturels pour nous concentrer sur le film, comme s’il s’agissait d’une œuvre de fiction totalement décorrélée de notre réalité. On a là un film ultra basique de sauvetage : infiltration, trahison et revanche. Revanche contre un pays où ses camarades sont morts, revanche contre une administration qui n’a de cesse que de l’abandonner. Rien de bien palpitant, surtout traité aussi superficiellement, mais c’est déjà une base de réflexion. Côté action, les producteurs semblent avoir bien noté l’engouement du public pour les grandes scènes de destruction du premier, alors que pour ma part la survie en forêt ou l’exploration dans la mine avaient plus de personnalité. En résulte une orgie pyrotechnique, faisant à peu près tout exploser sur le chemin du quasi mythique Rambo, une légende pour tous. C’est presque parodique, presque nanardesque, et presque divertissant. Mais difficile d’y voir tellement plus qu’un énième actionner complètement décérébré et récréatif, et on a vu plus efficace dans le genre.

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