The Tomorrow War


The Tomorrow War
2021
Chris McKay

Que la période Covid fut dure pour le cinéma ! Entre les projets annulés, éternellement reportés, les bouchons terribles à la réouverture des salles et les gadins à peine croyables à un box-office qui reste encore trois ans plus tard impacté plus ou moins grandement selon les genres, certains charognards en ont salement profité : les services de streaming. Quant on a plusieurs milliards de dollars immobilisés dans des films qui ne peuvent sortir, des braderies purement scandaleuses ont vu le jour, et ce fut le cas pour le film dont il est question ici, budgété aux environs des 150 M$, et racheté pour 200 M$ par Amazon. 50 M$ de bénéfices me direz vous ? A titre de comparaison, un film assez équivalent comme Edge of Tomorrow a rapporté 367 M$ en salles, soit des bénéfices quasi nuls en incluant le marketing, mais derrière le marché vidéo a rapporté près de 200 M$, et il n’aurait clairement pas eu cette seconde vie sans son succès d’estime en salles. Qu’importe ? Justement non, car le film fut noyé dans un catalogue en ligne, pur produit de consommation, et ne semble pas avoir eu toute l’attention qu’il mérite.

Vous regardez tranquillement un match de foot à la télé, puis le ciel se déchire, un portail s’ouvre et des humains du futur vous demandent de l’aide : venir se battre pour sauver la planète, qui frôle paraît-il l’extinction 28 ans plus tard, décimée par une race extraterrestre hostile. Pour Dan Forester (Chris Pratt), ex soldat devenu professeur qui perdait goût à la vie à force de se croire inutile, va y trouver l’occasion de donner un nouveau sens à sa vie.

Le concept du film peut sembler des plus étranges aux premiers abords. Déjà pourquoi venir précisément 28 ans dans le passé, et pas quelques années avant l’invasion, genre 3 ans avant, pour préparer les gens, et non les envoyer pour sauver les derniers représentants de l’humanité une fois la guerre déjà bien entamée ? Alors outre le fait que la technologie n’en soit qu’à ses balbutiements et que les gens du futurs n’ont ni les ressources ni le temps pour améliorer le système, le film a des réponses très intelligentes à apporter. Pareillement, le film a bien pensé ses paradoxes temporels : seuls des gens comme recensés morts 28 ans plus tard sont envoyés dans le futur, et seuls dans gens pas encore nés dans le présent y sont envoyés depuis le futur. De même, le paradoxe temporel devrait empêcher un tel contact d’une telle envergure, mais la solution est simple : le fait de revenir dans le présent fait que ce présent en question n’est plus le passé du futur, mais une nouvelle branche de l’espace-temps. Alors pourquoi se battre pour un futur qui de fait n’est pas le leur ? Là aussi, le film a une réponse d’une rare intelligence. Et sans rien dévoiler, outre le message presque tertiaire du changement climatique, en mode il faut s’en occuper le plus tôt possible, le scénario est vraiment impressionnant, très humain (notamment grâce aux excellentes performances de Yvonne Strahovski et J.K. Simmons), toujours surprenant, d’une grande richesse, et il ne concède à aucune facilité, notamment sur les schémas classiques des blockbusters. Point d’histoire en trois actes avec le climax de fin, l’histoire est ici en cinq actes, délaissant le cliché habituel de la surenchère finale pour quelque chose de plus viscéral et intimiste. Un peu comme avait su le faire World War Z, mais en bien plus brillant ici.

On en oublierait presque qu’il s’agit d’un énorme blockbuster d’action, mais aucun souci sur ce point, ceux en quête d’adrénaline seront servis. Les séquences d’action sont très violentes, dynamiques, avec une mise en scène très angoissante et stressante. On sent une menace de très grande envergure, d’autant qu’on sent sans cesse qu’on ne voit que la face émergée de l’iceberg. Clairement les effets-spéciaux sont au top et les séquences fusent, sans jamais délaisser un scénario incroyable qui fait toute la différence. Du bourrin oui, mais pas que, et toujours avec de bonnes idées derrière. Sans non plus parler d’un niveau de réflexion à la Signes pour ce qui est de « tout est lié depuis le début et chaque élément sert et reviendra », on est clairement sur un niveau d’écriture exceptionnel. Alors oui, certains extraterrestres ne sont pas spécialement inspirés, reprenant pas mal du design d’un certain film cité plus haut, mais ça reste très efficace. Une excellente surprise, que ce soit pour la qualité de la mise en scène, la force des séquences d’action, le sens du suspens, mais surtout ce scénario qui n’aura de cesse que nous impressionner jusqu’à la toute fin.

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