The Flash


The Flash
2023
Andy Muschietti

Nous y voilà enfin, après moult déceptions comme WW84, The Suicide Squad ou l’apparemment abyssal Shazam 2 que je ne suis pas sur de trouver le courage d’affronter un jour, l’univers branlant du DCEU est sur le point de mourir pour renaître de ses cendres. L’ultime film avant le soft reboot (certains personnages comme le Flash sont censés revenir), celui annoncé par T. Cruise comme étant un film incroyable, annoncé comme ayant eu les meilleurs retours de projection test depuis nul autre que The Dark Knight, le grand retour de DC est enfin là. Il était destiné à tout casser sur son passage, jouant la carte du multivers, de la nostalgie et du fan-service, donc sur le même terrain que Spider-Man No Way Home qui avait frôlé les deux milliards. Et pourtant, après un démarrage extrêmement décevant à 130 M$ dans le monde, le film enchaîne les chutes dramatiques à un niveau historique, et semble arrêter sa carrière à tout juste 270 M$, un échec retentissant puisque le budget est estimé à près de 400 M$ avec le marketing, ce qui ferait plus de 250 M$ de pertes avec les frais de distribution. Pour remettre les choses en perspective, c’est près de 100 M$ de moins que le mauvais Shazam, qui faisait déjà office de héros de seconde main. Un ratage massif, et pourtant le projet était très excitant sur le papier.

Traumatisme névralgique dans sa vie, Barry Allen (Ezra Miller) n’a jamais pu accepter la mort de sa mère, qui a entraîné l’inculpation de son père faute d’autre piste. Il va alors décider de remonter dans le temps pour la sauver, sans se douter des répercussions que cela allait engendrer.

Oui, les critiques ont raison. Il est incroyable de voir qu’un film aussi important et avec un tel budget puisse sortir dans un tel état. L’usage de doublures numériques est d’un autre âge, et pourtant omniprésent. La fameuse vallée de l’étrange n’est pas seulement pulvérisée en moyenne toutes les deux secondes, mais on avait réellement pas vu de telles modélisations si grossières depuis au moins trente ans. Et comme les effets numériques sont légion, parfois pour absolument aucune raison, et toujours avec des idées de design hideuses, le film est visuellement très souvent juste immonde. Non pas que la réalisation soit mauvaise, plutôt pas d’ailleurs, mais vraiment le département FX a fait un travail de cochon d’un niveau de désastre sans commune mesure. Le film n’est même pas capable de reprendre le costume de Flash de Justice League, pourtant très classe et réaliste, le remplaçant ici pour du latex sadomaso ignoble, là encore jamais crédible et toujours en CGI. Même le batfleck de Ben Affleck se retrouve avec un mélange improbable entre son ancien costume avec des pièces d’armure comme dans le Dark Knight, mais le résultat ressemble à un cosplay ridicule. Donc oui, indiscutablement, le film est un naufrage visuel. Quid du reste ?

Le scénario est assez convenu : remonter dans le temps, et faire face aux conséquences. On retrouve donc le général Zod (Michael Shannon) dans un monde où Superman n’est jamais arrivé sur Terre, et Flash devra l’affronter avec Supergirl (Sasha Calle) et le Batman (Michael Keaton) de cette autre réalité, ainsi que le lui dix ans plus jeune. Simple, mais peu exploité, on n’a pas vraiment le temps de s’intéresser aux personnages, se reposant quasi exclusivement sur le fait que les spectateurs connaissent déjà les précédents films où ils sont apparus. On aura quelques passages émotionnellement impactant avec la mère, mais globalement l’histoire aura du mal à nous impliquer, la faute à un manque de développement. On pensera notamment au choix de renoncer, arrivant beaucoup trop vite, après seulement deux essais. Le point le plus positif sera Ezra Miller, dont la variété de jeu est assez bluffante, une belle intensité dramatique. Quelques passages touchants, une envie de renouer avec la relation père-fils avec Batman, mais tout semble aller trop vite sans le moindre plan. On ne parlera pas du festival de caméo, hormis ceux évidents (Wonder Woman (Gal Gadot), Alfred (Jeremy Irons) et Aquaman (Jason Momoa) dans une des scènes post-générique les plus inutiles de l’histoire), mais c’est tellement mal fait que le fan-service est tout simplement gâché. On sent le carnage de la production étalée sur plus de dix ans avec six réalisateurs, le résultat est plein de potentiel, mais semble boursoufflé et sans ligne directrice. Le film aurait pu être bon, mais même en faisant abstraction des FX exécrables, l’écriture reste trop mauvaise pour se satisfaire d’un divertissement à ce point sorti à l’arrache. Il est peut-être temps que cet univers meurt, mais je n’ai que peu confiance en celui qui tient les futures rennes du DCU.

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