Shooter tireur d’élite


Shooter tireur d’élite
2007
Antoine Fuqua

Une redécouverte, pour un degré de lecture que je n’avais pas forcément su apprécier à sa juste valeur. 13 ans avant la fraude massive ayant conduit le père légumineux et sénile d’un pédophile notoire accéder au poste suprême aussi prestigieux qu’illusoire, un film a osé comme rarement on a pu voir dans du cinéma mainstream, voir blockbuster dans la mesure où le film avait un budget confortable de 60 M$ et a presque atteint les 100 M$. Un score mitigé en salles, mais incroyable sur ses secondes et troisièmes vies, ayant d’abord rapporté sensiblement plus sur le marché des ventes de DVD / Blu-ray (presque moitié plus pour le continent américain, quand la moyenne de l’époque était de faire au mieux la moitié à l’exception des hits), puis désormais sur le marché du streaming, notamment sur Netflix où le film ne cesse de faire des incursions dans le top 10 depuis des années, donc probablement qu’il doit se situer très proche du podium all time. Retour donc sur un film dont l’aura n’a cessé de croître avec le temps.

2005, les Etats-Unis sont déployés illégalement dans un pays du Maghreb pour les dépouiller de leur pétrole sous couverture d’une fumiste menace « d’armes de destructions massive ». Bob Lee Swagger (Mark Wahlberg) est sur place pour faire le sale boulot et dégager la voie avec son sniper, mais la mission tourne mal, l’armée l’abandonne et laisse son collègue mourir sur place. Pourtant, trois ans plus tard, malgré une retraite imposée par ce dégoût de sa « patrie », en agitant l’aura patriote et le devoir citoyen, le colonel Isaac (Danny Glover) va le convaincre d’aider à déjouer un attentat imminent contre le président. Mais tout ça était une double mascarade, visant tout d’abord à faire croire à un attentat raté contre le président alors que la vraie cible était réellement celui abattu « par erreur », l’archevêque d’Éthiopie, puis visant à faire porter le chapeau à Bob, qui aurait dû être abattu immédiatement après par un « flic exemplaire passant là par hasard ». Seulement Bob ne se fera pas avoir et va réussir à s’échapper. Une chasse à l’homme va alors être déclarée par toutes les forces armées possibles pour éviter que quoi que ce soit ne s’ébruite.

Le film est, surtout avec le recul, brillant sur tellement de points. Tout d’abord en tant que divertissement pur, le film se pose là : bigrement efficace, enchaînant sans temps mort des scènes toutes plus impressionnantes et marquantes. L’introduction gère parfaitement le suspense du sniper en embuscade, puis on enchaîne avec des paysages incroyables, la scène de l’attentat, toute la cavale, puis sans trop en dire, le film se montrera très généreux tout du long, avec ce savoir faire sans effets spéciaux qui fait du bien dans une époque où les fonds verts donnent envie de vomir et que le public conspue de plus en plus les FX dégoulinants et abusifs. Ensuite le film a pas mal de seconds rôles intéressants, comme la veuve (Kate Mara) désabusée qui n’a pas pardonné, l’agent du FBI (Michael Pena) et sa collègue (Rhona Mitra) qui comprennent très vite qu’on ne leur demande surtout pas de réfléchir ou de faire leur travail, mais seulement de ressortir le discours prémâché par la direction qu’il ne faut en aucun cas contredire, qu’importe le degré d’absurdité et de mauvaise fois.

Et enfin et surtout, si le film est aussi jouissif c’est pour tout son discours de fond sur l’asservissement, la cupidité et les actes criminels de la classe politico-médiatique qui dicte sa vérité et dont le seul but est l’enrichissement et le pouvoir qui va avec. Il ose, seulement six ans après le fameux 11 septembre, parler d’invraisemblances sur des rapports du FBI sortant quelques minutes à peine après les faits, de suspect identifié instantanément, ou encore de témoins se faisant bizarrement tuer dans la foulée. On ressort même les casseroles sur le 22 novembre 1963 pour montrer qu’il n’y a pas plus con et crédule qu’un américain, mais qu’à force d’être constamment traité de con, ce dernier pourrait se rebeller. Attention à ne pas trop pousser les gens à bout, un jour le monde des décideurs s’écroulera à force de mépriser le peuple. Bien sûr, le film n’est pas parfait, certains points sur sa fin sont très naïfs, mais allier réflexion sociétale et gros film d’action authentique, dynamique et efficace, voilà qui est déjà énorme.

A titre de comparaison, ma critique d’il y a douze ans : shooter-tireur-delite

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