Le Talentueux M. Ripley


Le Talentueux M. Ripley
2000
Anthony Minghella

Adaptation de la saga littéraire de Patricia Highsmith, le film fut un joli succès, carrément énorme même sur le sol américain avec – il est rare – près des deux tiers de ses recettes mondiales, mais c’est surtout au niveau de la critique que le film connu son plus grand couronnement, avec une pléthore de nominations dans les plus prestigieuses catégories et cérémonies, empochant d’ailleurs un Bafta du meilleur second rôle pour le fils à papa. Et effectivement, sur le papier le casting fait rêver et le concept de mensonges et arnaque était gageur.

Qui est Tom Ripley (Matt Damon) ? Absolument personne, juste un pianiste peinant à survivre en jonglant entre des petits boulots, mais un jour qu’il devait jouer à une fête guindée, il va faire croire à un riche dirigeant de compagnie maritime qu’il était dans la même école que son fils, et qu’ils étaient justement bons amis. Heureuse coïncidence, car justement, le rejeton, Dickie (Jude Law), n’est qu’un parasite dilapidant la fortune de son père, et ce dernier souhaiterait que son ami aille le résonner pour qu’il revienne au bercail reprendre la compagnie familiale. Tom va donc être payé pour aller le résonner, mais en voyant son port d’attache dans le Sud de l’Italie, d’à quel point il y fait bon vivre, que Dickie est une personne fascinante et rayonnante, c’est plutôt lui qui va le convaincre de rester.

Dans les bons points, outre la tournure que va prendre l’histoire – mais seulement au bout d’une pleine heure de film – il y a bien sûr le casting incroyable (Gwyneth Paltrow, Cate Blanchett ou encore Philip Seymour Hoffman), les superbes décors italiens, et plus globalement cette opulence, légèreté du nanti vivant de ses rentes. Passé cela, il n’y a pratiquement rien, un vide ahurissant. Toute la première heure de film n’est que contemplation, instants de vie et paresse. Si comme moi vous ne supportez pas le genre de film à la Before Sunrise, cet aspect sera déjà rédhibitoire tant l’ennui est profond pour qui souhaite voir les choses avancer, au moins un semblant d’intrigue. Alors que le film fait tout de même 2h19, il faudra attendre la seconde moitié pour que le fameux Ripley fasse quoi que ce soit de non complètement futile ou anodin. De la simple bromance avec forte propension échangiste voir bifurcation homosexuelle. Puis enfin quelque chose se passe, mais c’est du pétard mouillé en puissance. A aucun moment le « talentueux » Ripley fera preuve d’un quelconque talent, hormis se foutre lui-même dans la merde à force de maladresse, amateurisme et bêtise. La morale du film est à ce niveau là complètement foireuse tant la chance est insolente et le mal récompensé. Puis vient la fin, si flinguée que c’est à peine croyable. Un petit mensonge de plus et c’est gagné, ou même une vérité assumée, mais non, et on assiste à un auto-sabordage sans commune mesure. Déjà que jusqu’alors le film était chiant, mais en plus il s’achève sur une note tellement crétine que c’en gâche le peu de satisfaction que pouvait procurer l’impunité. Navrant.

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