Sound of Freedom


Sound of Freedom
2023
Alejandro Monteverde

Nous y voilà enfin ! Après quatre mois d’attentes, le phénomène qui a embrasé le public américain traverse enfin l’Atlantique, emmenant avec lui un pédigré peu commun. Succès massif en salle avec plus de 184 M$ aux Etats-Unis, il a surfé sur un buzz gigantesque, car outre la violence de son sujet, le côté religieux du héros, le passif de l’acteur et de la production (Jim Caviezel avait incarner ni plus ni moins que Jésus dans la fameuse Passion du Christ de Mel Gibson, producteur du film ici d’ailleurs), c’est son étiquette politique qui a fait le plus parler. Car oui, quand son pays est dirigé par un légume protégeant un fils qui aurait dû écoper cent fois de la peine de mort pour actes pédophiles, violences et récidives, un film voulant faire la lumière sur ce sujet en particulier, dans un contexte de quasi guerre civil entre une écrasante majorité pro Trump, bouillonnant face à une justice vérolée, et des bourgeois démocrates si infâmes qu’ils arrivent à fermer les yeux sur leur élite qui consomme justement cet immonde marché à tour de bras, voilà de quoi attiser un peu plus la colère d’un peuple déjà enragé.

Histoire vraie s’étant déroulée au cours des années 2000-2010, le film retrace le combat d’un homme, Tim Ballard (Jim Caviezel), policier travaillant dans la protection des enfants victimes du trafic sexuel. Mais un jour, lassé des limites de son travail, des frontières l’empêchant de sauver des vies, il va lancer son propre réseau pour infiltrer le milieu et le renverser de l’intérieur.

D’après le film, il y aurait à travers le monde des millions d’esclaves sexuels, dont plus de la moitié seraient mineurs, pour un trafic ayant généré environs 150 milliards en 2022. A titre de comparaison, le cinéma a généré 26 milliard en 2022, et même avant le covid, le record était de 42 milliards en 2019. C’est donc un sujet important, et quand bien même le film exagérerait les chiffres, tout le monde a entendu parler des réseaux de l’Est, et surtout des très jeunes enfants de Thaïlande dont raffolent nos politiciens français. On sait que ça existe, que ça concerne principalement des vieux salopards occupant les plus hautes sphères, mais savoir que quelqu’un, quelque part, se bouge réellement et a fait quelques percées dans leurs réseaux, c’est aussi réconfortant que ce que le sujet est dévastateur. Qui ose encore dire que l’humanité mérite d’être sauver ?

En dehors de son sujet, il faut en revanche reconnaître que le film n’a rien d’un chef d’œuvre, mais on a vu plus d’une fois des films bien plus mauvais récolter des prix stupides, et clairement le film est largement meilleur que les quatre derniers lauréats de l’Oscar du meilleur film. Le rythme est bon, les acteurs convaincants, quelques belles envolées musicales, la réalisation très correcte, l’histoire poignante, et puis pour un film ayant coûté seulement 14,5 M$, c’est impressionnant. On a là une immense variété de décors : prison, bâtiments militaires, villes américaines, villes mexicaines, colombiennes, plage, île, immeuble luxueux, jungle. Bref, on voyage ! Pas de fonds verts, que du vrai, du concret, et quand les images d’archives sont dévoilées à la fin, on voit que l’équipe a tout fait pour le devoir de mémoire. Un film ambitieux, certes moins brutal physiquement qu’un Taken, moins violent psychologiquement que Les Chatouilles, et on pourra arguer que le héros se pose trop en figure biblique, que ça manque de finesse, mais en vérité l’œuvre propose exactement ce qu’elle a promis, de quoi se montrer amplement satisfait.

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