John Wick : Chapitre 4
2023
Chad Stahelski
La saga John Wick est une anomalie dans le paysage cinématographique actuel : après un premier épisode certes très apprécié mais économiquement tout juste rentable (87 M$ dans le monde), chaque volet suivant a explosé les compteurs. 171 M$ pour John Wick 2, 326 M$ pour John Wick 3, et même ce quatrième opus, sorti post covid dans un marché encore convalescent avec un nombre ahurissant de plantages et de suites se cassant les dents, un nouveau pallier a été pulvérisé avec 432 M$ dans le monde. Un succès incroyable, d’autant qu’on ne peut pas vraiment dire que la saga a su se renouveler, et personnellement les quasiment trois heures de ce chapitre 4 faisaient peur. Il faut dire que Parabellum ne servait absolument à rien, mais cette fois on nous vendait une conclusion épique à toute la franchise, donc autant lui laisser une dernière chance.
Retour case départ pour John Wick (Keanu Reeves), toujours excommunié et qui devra là encore raviver de vieilles amitiés (Laurence Fishburne et Hiroyuki Sanada) pour espérer s’en sortir. Pire, le courbage d’échine du directeur du Continental (Ian McShane) n’aura servi absolument à rien : la Table a désigné un nouveau Marquis (Bill Skarsgard) qui va faire de la lutte contre John Wick son cheval de bataille, allant jusqu’à désacralisé tous les Continental car lui étant venu en aide. Il va faire également appel à un certain Caine (Donnie Yen), l’un des plus dangereux tueurs existant.
Espérons que les rumeurs de suite soient fausses et que le spin-off sur les ballerines soit un ratage (Black Widow était déjà pas bien passionnant, et le scénario sera sensiblement identique), car il était grand temps que la saga s’achève. On tourne décidément énormément en rond, avec toujours les mêmes enjeux : tenir bon face à des hordes de tueurs courant après la prime sur John Wick, et restaurer les privilèges de ceux tombés en disgrâce à cause de ses agissements. Alors oui, et même plus que jamais le savoir faire en matière de mise en scène et chorégraphies de combat force l’admiration. C’est beau à se damner visuellement, les cadres sont de toute beauté, la photographie incroyablement travaillée, les décors impressionnants, et niveau action ça envois du sacrément lourd. Les idées de cinéma débordent, on pensera notamment aux décors au Japon dignes d’une Citadelle, des passages où la respiration fait partie intégrante de la bande-son sur la place de l’étoile, ou encore les plans séquences vu de dessus dans l’immeuble désaffecté rappelant fortement le jeu-vidéo. Tout cela est très bien, et ça permet d’apprécier tout de même la séance, mais bigre que l’histoire tourne en rond ! Les combats sont toujours les mêmes, John est increvable et se relève instantanément de chutes ou impacts logiquement mortels, ses ennemis sont sympas à un point débile à ne lui tirer dessus que quand il peut se protéger et attendent qu’il attaque le premier. Pire, la scène dans la boîte de nuit est à hurler, encore pire que celle de Collateral tant personne ne réagit. Et avec 2h49 au compteur, c’est juste usant. La technique c’est bien, mais encore faut-il savoir doser et couper dans le gras pour se concentrer sur raconter quelque chose, point sur lequel la franchise aura eu décidément énormément de mal. Du grand divertissement de qualité, mais manquant de fond et incroyablement redondant.