Black Widow


Black Widow
2021
Cate Shortland

Alors que le monde ne s’est pas encore relevé totalement du covid et que les blockbusters continuent d’afficher de bien mornes scores – certes aussi en grande partie à cause de la Chine qui pulvérise des records en salles tout en interdisant 99% des films étrangers – le studio aux grandes oreilles a su tirer pleinement profit de la pandémie avec son service de streaming Disney+, mais depuis la réouverture des salles, le bilan est catastrophique. Diverses tentatives ont été faite : sortie en salle, en salle et en simultané sur Disney+, et maintenant du cas par cas en fonction des pays, en optant si possible pour une exclusivité en salle de 45 jours. Subissant de plein fouet ce tâtonnement, la mise sous cloche de la Chine et la mise en place de passes sanitaires dans certains pays, précipitant sa fin d’exploitation, le bilan en salle fut désastreux : 379M$ dans le monde pour un budget astronomique de 200M$ (auquel se rajoute, en plus des coûts marketing, probablement un chèque de 50M$ pour l’actrice qui a jugée que son intéressement aux profits avait été saccagé par la sortie streaming simultanée), ce qui est fait le second film le moins rentable du MCU devant L’incroyable Hulk. Alors certes, on parle aussi de recettes avoisinant les 100M$ sur leur service de vidéo à la demande, mais quand bien même, pour un fameux chant du cygne d’une « figure emblématique » des Avengers à la sortie décalé trois fois pour cause de covid, finir si loin du milliard quasi standard quand le dernier Fast & Furious sorti à la même période a fait presque deux fois mieux, il y avait de quoi se remettre en question.

L’histoire du film s’intercale entre les événement de Civil War et Infinity War, alors que Natasha Romanoff (Scarlett Johansson) est en fuite, mais va se voir rattrapée par son passée. Elle pensait que l’organisation ayant détruit sa jeunesse avait été dissoute, mais il n’en est rien, et pour lutter contre elle va devoir réunir son ancienne famille fictive (Florence Pugh, Rachel Weisz, David Harbour) de l’époque où ils étaient des espions soviétiques aux Etats-Unis.

C’était la grande question sur ce projet : comment créer des enjeux autour d’un personnage dont on connaît déjà le funeste sort ? La solution la plus simple aurait été de mettre en images les fameux événements de Budapest qui ont fait d’elle une membre du SHIELD, mais non seulement ce n’est pas l’option choisie, mais au contraire le film saccage cette idée en expliquant qu’au final cette fameuse mission n’avait servi à rien, le grand vilain misogyne courant toujours. Pourtant, le film démarre assez fort : le flashback sur son enfance est touchant, et derrière on découvre une Florence Pugh exceptionnelle, plus belle, plus gentille, plus sensible, plus émouvante. Et ironiquement, elle présente un problème de taille. Le film est centré sur Natasha Romanoff, qu’on sait morte dans le temps présent, donc le film se devait de réussir là où Endgame a échoué en nous faisant ressentir quelque chose quant à son sort. Mais entre un air prétentieux alors qu’elle est incontestablement la plus inutile et faible des Avengers, son absence d’émotions et l’écart ahurissant avec une sœur plus intéressante sur absolument tous les points et qui a même plus d’enjeux personnels au sein de ce film, non seulement le film échoue à nous faire regretter la veuve noire initiale, mais il nous prouve qu’elle avait si peu à offrir et que la relève s’annonce plus engageante. Pour un film à sa gloire, c’est moche…

Mais outre ce basculement d’héroïne, qui ne se fait pas sans heurt, une fois passé une très bonne introduction, que vaut le reste du film ? Eh bien pas grand chose : trop d’action pour de l’action sans forcément de logique scénaristique. Pourquoi les filles se battent-elles à leur retrouvailles ? Pourquoi ne pas avoir imaginé une évasion moins stupide et tonitruante ? Broum explosion ! On s’en fatigue vite, car c’est justement quand le film reste à échelle humaine, dans des décors naturels splendides comme la Norvège, qu’il fait mouche, et plus il essaye de masquer sa faiblesse d’écriture dans des fusillades, combats et course-poursuite dont a que trop soupé, plus on s’ennui. Une occasion manquée pour ce qui est probablement le plus inutile et oubliable film du MCU.

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