The Whale


The Whale
2023
Darren Aronofsky

Sorti sur le tard en France, le film y aura été un assez gros échec avec deux cent mille entrées, et globalement dans le monde il fut clairement plus un succès d’estime que commercial avec 41 M$ dans le monde, même si son budget (sans marketing) est estimé à seulement 3 M$. Ca ne l’a pas empêché d’avoir une grosse présence dans les différentes cérémonies, notamment avec l’Oscar du meilleur acteur pour saluer le retour de Brendan Fraser, lui qui avait quitté le système qui l’avait broyé psychologiquement entre la pression sur son physique avec des rôles nécessitant une importante masse musculaire, et surtout des attouchements et autres pressions de la sorte. Il faut dire que le sujet n’est pas évident à appréhender.

Professeur en télétravail, Charlie (Brendan Fraser) s’est coupé du monde depuis la mort de son compagnon, se tuant à petit feu dans la malbouffe et les excès, au point d’atteindre un tel niveau d’obésité que le moindre déplacement en devient un douloureux effort. Seule son ex belle-soeur (Hong Chau) lui rend régulièrement visite pour constater les ravages de ce suicide alimentaire. En attendant la mort, il recevra deux visites impromptues : celle de Thomas (Ty Simpkins), un évangéliste s’étant donné pour mission de le sauver, mais surtout Ellie (Sadie Sink), sa fille de désormais 17 ans qu’il n’avait pas revu depuis ses 8 ans quand il avait quitté sa femme de l’époque pour son étudiant.

Tout d’abord saluons le travail ahurissant des maquilleurs et costumiers dont l’Oscar est tellement mérité tant le résultat à l’écran est stupéfiant. Les raccords sont invisibles, la chair dégoulinante de graisse fait aussi « naturelle » que ce que le concept du film est dérangeant, et explique en grande partie les réserves de certains. N’y a-t-il pas plus simple et moins douloureux que le suicide par la bouffe ? Difficile de passer outre ce voyeurisme ultra malsain d’un homme dépassant de loin le stade de l’obésité morbide, et le nihilisme ambiant est encore plus abjecte. Non seulement les gens le regardent s’auto-détruire, mais ils y contribuent en lui apportant ses collations toutes plus grasses et caloriques les unes que les autres, car s’ils ne peuvent le faire changer d’avis, autant le soutenir dans sa démarche de mort. Pour ma part, absolument rien ne va là dedans, tout le message est horrible et je ne rêvais que de salade, poisson voir diète absolue face à une orgie de pizzas, tacos, saut de nuggets et bouteille de 4L de Coca avant d’aller se coucher. Les bondieuseries ont aussi tendance à me fatiguer, mais comme c’est tourné en ridicule ou ridiculement mal fait (Noé du même réalisateur laisserait à penser que non, les remarques ne sont pas forcément ironiques ou antireligion). Ce qui est indiscutable en revanche, c’est la puissance des performances, toutes exceptionnelles, surtout Charlie et son infirmière, la fille étant très très bien, mais dans l’exact même registre que dans Stranger Things. On en revient donc à quelque chose de simple : des discussions, de l’acting, l’impact des répliques. Normal pour l’adaptation d’une pièce de théâtre tourné en huis clos. Le film est donc assurément brillant dans son exécution et ce qu’il veut raconter, reste à voir si le thème est susceptible de vous accrocher. Personnellement, je salue le travail et les prestations, j’ai passé un bon moment devant une proposition forte, même si je l’ai totalement rejeté tout du long.

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