Anatomie d’une chute


Anatomie d’une chute
2023
Justine Triet

Je n’ai pas vraiment mémoire d’un film ayant reçu la Palme d’Or à Cannes méritant de réelles louanges à la mesure de l’aura du prix, et j’avais passablement détesté la seconde moitié de Parasite qui partait bien trop en vrille. L’idée de voir le nouveau lauréat ne m’enthousiasmait pas outre mesure donc, même s’il faut dire que les critiques étaient sacrément dithyrambiques, se traduisant par un joli succès en salle avec 1,3 millions d’entrées en France et un tout de même existant 4 M$ en Amérique du Nord.

Comme l’indique le titre, il s’agira d’une anatomie / étude d’une chute, à savoir celle ayant causé la mort de Samuel (Samuel Theis). Pendant que sa femme (Sandra Hüller) se disait entrain de se reposer dans sa chambre au second et que lui était censé travailler au troisième étage à rénover le grenier de leur chalet, il va faire une chute mortelle et sera retrouvé par Daniel (Milo Machado-Graner), son fils aveugle parti faire une promenade avec son chien spécialisé. Une chute qui paraîtra assez suspecte aux enquêteurs, au point d’ouvrir une enquête pour meurtre, accusant sa femme.

Un point m’attirait pas mal dans ce film : son côté film de procès, genre à part entière reposant sur des rebondissements, beaucoup de pression sur l’acting et les dialogues. Et autant dire que le film s’en sort plus que très bien tant son écriture est formidable. L’aspect procès est pleinement maîtrisé, faisant régulièrement de nouvelles révélations orientant dans un sens puis dans l’autre notre opinion, laissant planer jusqu’à pratiquement la fin le doute quant à la culpabilité de la femme, accident ou carrément suicide. Il faudra attendre l’ultime retournement pour en avoir l’absolue certitude, et c’est assez brillant dans la gestion du suspense. Le casting porte solidement tout ce jeu de joutes verbales, accusation et défense, notamment l’avocat de la défense (Swann Arlaud) et surtout le jeune Daniel, la véritable révélation du film dont un certain passage sur une ancienne discussion en voiture aura su me tirer les larmes, ce que seule une poignée de film sur plusieurs milliers auront réussi. Chef d’œuvre absolu donc ? Sachons raison garder, car le film a tout de même quelques défauts. Le plus évident avec une durée de plus de 2h30, c’est un souci de rythme. C’est un peu long par moments, et la fin rate le coche du timing parfait, s’étirant sur de futiles banalités. Reste aussi la réalisation, malheureusement très plate et peu inspirée. Un grand film au scénario aussi incroyable que son casting, mais dont la technique ne permet pas de prétendre aux plus hautes cimes.

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