Kingdom Hearts III


Kingdom Hearts III
2019
PS4

On aurait tendance à dire que le jeu s’est fait attendre 14 ans puisque Kingdom Hearts II est sorti en 2005, mais ça serait oublier tout ce qui est sorti entre-temps. Car non, le jeu apportait une « fin » aux aventures de Sora, et l’histoire annoncée à la fin était celle de Birth By Sleep, sorti pour sa part en 2010. Il aura fallu attendre ensuite 2017 pour avoir un semblant de suite aux errances de Ven, Aqua et Terra avec II.8, puis ce troisième opus, mais un opus majeur est sorti en 2012 : Dreams Drop Distance, vraie suite de la saga principale avec l’examen de Maître Keyblade pour Sora et Riku. Et autant dire qu’avec les remix / remake / compilation I.5, II.5 et II.8 sortis entre 2013 et 2017, les fans de la saga ont eu de quoi faire. Oui mais voilà, fini de s’éparpiller, de multiplier les projets annexes, il était grand temps de faire se croiser tous les chemins, tâche aussi ambitieuse que périlleuse à laquelle était confronté ce Kingdom Hearts III, que j’ai enfin pu découvrir avec cinq ans de retard.

Graphismes : 17/20

Point assez difficile à juger tant le jeu est disparate, et mon point de comparaison sera surtout Final Fantasy VII R, assez supérieur sur pratiquement tous les points. Tournant aussi sous l’Unreal Engine 4, le jeu n’a pas la même ambition réaliste, affichant des décors moins fournis, et surtout des personnages plus cartoonesques avec des animations faciales frôlant souvent la fameuse vallée de l’étrange. Certes, la direction artistique est marquée, mais le jeu est assez inégal. On trouvera l’Olympe à se damner, faisant défiler des panoramas incroyables, les Caraïbes sont de toute beauté (point pourtant plutôt raté dans Kingdom Hearts II, on revient de loin, le pire univers du second devient le meilleur du troisième) et on sera surtout sur le cul face à la fin du monde ou Scala ad Caelum (quelle tristesse que de ne pas s’y attarder), mais le reste est au mieux oubliable. Le moteur est capable de merveilles, mais probablement à cause du manque d’intérêt des univers choisis, le résultat n’est pas la claque de tous les instants qu’il aurait pu être. A noter aussi les balades en Gummi, pas beaucoup plus évolués en 14 ans et deux consoles d’écart (voir trois avec le boost PS5), c’est quand même dommage. Au moins le jeu est d’une fluidité incroyable, ultra dynamique, virevoltant et sans jamais le moindre lag.

Gameplay : 15/20

La masterclass du second semble loin malgré l’envie d’en faire un jeu monde avec absolument tout, ou presque. Les commandes visées issues de Birth By Sleep font plaisir, les changements de forme inspirées par ce dernier également, mais les invocations sont toujours inutiles, les liens ramenant les créatures de Dreams Drop Distance bof, les manèges contextuels sont trop forts et cassent le rythme, et tout le reste est Kingdom Hearts II en moins bien. Difficile de trouver les magies puissantes quand les trois protagonistes de Birth By Sleep lâchaient des sorts destructeurs autrement plus puissants. La fusion de commandes et le Monopoli manquent tellement… Le sentiment de puissance est bien plus faible, comme si Sora régressait continuellement, n’ayant aucune fusion à offrir, et ce qui s’en rapproche est post-game ou en DLC. Triste. La course libre donnerait une bonne verticalité si ça ne faisait pas au détriment de la cohérence des décors (bravo les zones en surbrillance… ) et que le level design n’était pas si honnêtement mauvais. Qui dit plus grandes maps dit beaucoup de vide, de temps perdu, d’exploration laborieuse. Certes, sur l’univers de Pirates des Caraïbes, l’exploration est très appréciable, mais pour tous les autres ce fut plus une corvée qu’autre chose, et là où il me manquait une toute petite poignée de coffre sur l’ensemble du jeu Kingdom Hearts II, c’est pour près d’une centaine que j’ai dû regarder la soluce pour les trouver, et il m’aurait manqué près du tiers des emblèmes fétiches sans également, dont la moitié était déjà dû à un coup de chance. Terminons avec les balades en vaisseau Gummi : on regrettera amèrement celles du modèle absolu, Kingdom Hearts II. Cartes infinies, bordéliques, vaisseau à la maniabilité catastrophique, missions nulles sans grandiose : rien ne va, une tannée. Même les mini-jeux de game and watch étaient plus funs… On part sur des bases tellement solides que le jeu reste dans l’ensemble très agréable, mais tout est trop foutraque, moins poussé à force de trop tout vouloir faire, et les absences comme les fusions sont dommageables.

Durée de vie : 17/20

J’aurais tendance à dire que l’équilibre est bon : comme le jeu est plutôt facile, on peut foncer et finir en environs 25 heures. Si l’on veut tout explorer et finir le plus accessible, en 40 heures on pourra avoir débloqué les deux tiers des trophées. Au delà, le platine est débile à aller chercher entre les photos, mini-jeux et cuisine, sans compter la forge plus difficile que jamais tant elle n’est naturellement pas possible à compléter. Pour un RPG si dense, c’est une durée de vie très bonne dans les deux cas, que ce soit pour les acharnés ou ceux qui veulent parcourir rapidement l’univers.

Bande son : 16/20

Ô drame, ô infamie ! Déjà enlevée des compilations, la VF apportait tellement aux deux premiers opus sur PS2. Personne ne regarde les Disney en VO, donc nous avons tous grandi avec les voix des doubleurs iconiques français. Ne pas les retrouver enlève beaucoup de l’intérêt de parcourir les univers des classiques de l’animation – ou non d’ailleurs, et Star Wars est confirmé pour la suite – donc c’est assurément un gros point noir. D’un autre côté, j’avais déjà revu les Pirates des Caraïbes en VO, et rejoué aux précédents jeux sur les compilations en VO, donc l’habitude commence à se faire, mais c’est tellement dommage. Concernant les thèmes musicaux, c’est évidemment incroyable, avec enfin une relève à Simple and Clean. Il était temps !

Scénario : 16/20

Seul point sur lequel cet opus est incontestablement le meilleur. Toujours trop dilué et surtout présent en toute fin des jeux, le lore est ici présent dès le début, avec de nouveaux éléments tout du long comme les différentes quêtes pour ramener les sept protecteurs de la lumière. Dès que l’on quitte un monde, on aura soit une avancée sur la récupération d’Aqua, soit sur Roxas / Naminé (d’ailleurs seul simili dont le nom n’est pas un anagramme de l’humain d’origine avec le X d’union), soit sur l’entraînement de Lea et Kairi. En parlant de Lea, sa quête d’identité est touchante, se demandant si Axel n’était pas tout autant lui. Tout avance continuellement jusqu’à un final orgasmique de croisement ultime de tous les chemins, du pur bonheur. Les joueurs de X chi ont dû pleurer en voyant leurs pseudos défiler lors de l’invocation des anciens maîtres de la première guerre d’antan. En revanche, les univers Disney parcourus sont parmi les plus oubliables jamais traversés. Sans vouloir gâcher la potentielle surprise de certains hormis le déjà cité Pirates des Caraïbes et l’incontournable Hercule, mais sans Colysée malheureusement, aucun autre ne mérite qu’on s’y attarde, très frustrant. Espérons des choix plus ambitieux la prochaine fois.

Note générale : 16/20

On espérait le jeu ultime, mais ça ne sera au final qu’une très bonne cuvée, n’arrivant pas à égaler l’excellence du modèle Kingdom Hearts II, encore et toujours. Le jeu se veut d’une générosité monstre, voulant tout y incorporer, faire tout plus grand. Pour l’histoire principale, c’est un oui absolu, pour le reste, c’est juste le bordel. Le système de combat est parfois illisible, à l’image des décors trop grands, trop fournis, juste trop. On est submergé de commandes contextuelles triangle, la plupart sont abusives et cassent le rythme. Le level design nous perd, et la plupart du temps ça n’est pas agréable dans la mesure où le catalogue de mondes traversés est le plus pauvre des trois jeux principaux. A une exception près, trois autres correctes, les autres sont vides ou oubliables. Pire, parcourir ces mondes de notre enfance n’a plus la même saveur sans la VF qui allait avec. Le concept de base était de mélanger l’univers de Final Fantasy et Disney. Quel terrible constat d’échec que de voir que les personnages de Square Enix ont été tous supprimés et que les mondes de Disney sont devenus parfois un fardeau. Sur ce dernier point, le choix de la sélection est le seul fautif, le potentiel reste immense sur cet aspect, reste à se montrer plus pertinent. Annoncé il y a presque deux ans pour une sortie à horizon 2025-2026, Kingdom Hearts IV garde toutes les cartes en mains pour enfin mettre tout le monde d’accord, à voir s’ils feront les bons choix.

Ce contenu a été publié dans Critiques, Jeux vidéo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *