Killers of the Flower Moon


Killers of the Flower Moon
2023
Martin Scorsese

Je dois avouer que je ne suis pas du tout un grand connaisseur du cinéma du porté aux nus Martin Scorsese, ayant pourtant très largement apprécié l’intégralité de ses films vus aux cours des quinze dernières années, notamment Gangs of New-York qui est jusqu’à présent mon préféré pour sa façon de raconter un pan de la grande histoire au travers de personnages à taille humaine. Il faut dire que le bougre a la fâcheuse tendance à se perdre dans des narrations flirtant voir dépassant les trois heures, et qu’avec carrément près de trois heures trente dans le cas présent, il m’aura fallu cumuler quatre jours de temps libre, c’est dire.

L’intrigue nous plongera au cœurs des années 1920, alors que la ville d’Osage County connaît une vague de meurtre à cause du pire des fléaux : l’envie. Terre bénie débordant de pétrole, elle aura fait de ses habitants amérindiens les personnes les plus riches de la planète, et dans une époque où l’homme blanc était censé tout posséder, se retrouver à jouer les larbins pour des pachas avec des plumes, ça ne passait pas. Shérif du conté, William Hale (Robert De Niro) avait déjà commencé un grand nettoyage en faisant tuer à tour de bras les locaux, se servant ensuite de son autorité pour étouffer toute forme d’enquête. Mais au retour de son neveu Ernest (Leonardo DiCaprio), son plan allait enfin trouver une pleine solution pour mettre la main sur l’argent des peaux-rouges : le pousser dans les bras d’une Osage pur sang, Mollie (Lily Gladstone), pour faire en sorte que l’argent retombe dans sa famille.

Dès le début, le film m’a pleinement cueilli, au point de crier un peu trop vite au chef d’œuvre absolu. L’idée d’un racisme décomplexé embrassant à la fois le judaïsme, le kkk et carrément la franc-maçonnerie, c’est du génie. Magouilles et compagnies, en mode ordures totales adeptes des coups de couteaux dans le dos, c’est d’un niveau de monstruosité juste parfait. Avec en plus un Leonardo DiCaprio demeuré à contre-emploi mais brillant toujours, dont la romance forcée est en fait assez mignonne, car même dans la saloperie, un semblant d’honnêteté et d’intégrité peut apparaître sans crier gare, et on sentirait presque le personnage se retourner pour vérifier si ça vient bien de lui ou que son oncle ne va pas lui taper dessus pour réellement éprouver des sentiments pour son quasi mariage forcé. Mieux encore, le film sera redynamisé à deux reprises avec l’arrivée de Tom White (Jesse Plemons), venant mettre un bon gros coup de pression, puis le jeu de joute et de sauvetage de plumes avec John Lithgow et Brendan Fraser. Alors oui, près de 3h30, c’est une épreuve, mais le film se suit assez bien, du fait aussi des prestations remarquables, déjà saluées dans la plupart des cérémonies, surtout Lily Gladstone, ultra favorite dans la course aux Oscars. En revanche, histoire vraie oblige, certains pans de la vérité déçoivent pour la toute fin, et pour ma part, le passage méta remplaçant les habituels panneaux de texte est une purge, cassant l’immersion. Petit mot également sur le budget aberrant de 200M$, classant directement le film dans le top 10 des plus gros flops de l’histoire du cinéma : il faut arrêter de filer 50 M$ à chaque grosse tête d’affiche et de laisser un homme de plus de 80 ans seul aux commandes, prenant sept mois à tourner un film quand la moyenne est de trois semaines. Bref, une histoire très prenante, un grand savoir-faire pour un résultat vraiment excellent, sans pour autant marquer outre mesure.

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