Wish


Wish
2023
Chris Buck, Fawn Veerasunthorn

Voici donc le fameux film des 100 ans du studio d’animation Disney, le film révolutionnaire à 200 M$ de budget utilisant le meander, technique consistant à dessiner par dessus des modèles 3D. Si la France fait un peu figure d’exception avec pratiquement trois millions d’entrées, on peut dire que le flop est plus que massif avec les 240 M$ au box-office mondial (donc avec le marketing, au moins 350 M$ de budget réel, et avec 50% à domicile et 66% dans le reste du monde – sauf Chine 75% – de frais de distribution, même pas 100 M$ de réellement amassés, donc à peu près 250 M$ de pertes sèches). Il faut dire que les critiques ne furent pas tendres…

L’histoire est classique au possible : un roi / magicien avide de pouvoir, se faisant passer pour un bienfaiteur alors qu’il est un dictateur, va carrément basculer du côté obscur quand la jeune Asha, postulant pour être son apprentie, va le mettre face à ses contradictions et sa vraie nature.

Disney va décidément très mal. Après la catastrophe Avalonia, la mort progressive de l’univers Star Wars sur Disney+, la plantade historique du dernier Indiana Jones et l’effondrement de tout le MCU avec une contre-performance là aussi historique avec The Marvels, en voici un nouveau record dans le genre, soit trois films dans le top 5 des plus gros gouffres financiers de l’histoire en seulement un an. Chapeau ! Il sera long d’énumérer toutes les raisons de cet insuccès, mais tâchons.

Commençons avec le visuel, un résultat bâtard le cul entre deux chaises. Un mélange 3D / 2D raté, donnant un effet brouillon, moins fin et jamais ni beau, esthétique ou artistique. Et il faut dire que visuellement le royaume est archi classique, et rien dans le design des personnages ou des effets de magie ne viendra bousculer notre expérience. Côté scénario, c’est du sous sous Warcraft : le commencement, se limitant juste au magicien protecteur sombrant du côté obscur, mais en bien plus manichéen et limité au niveau réflexion. Juste de l’homme toxique qui se fera botter le cul par des femmes. Avec en plus des personnages de tous horizons ethniques, les plus blasés ou conspirationnistes crieront au wokisme, et il est vrai que la démarche semble plus arriviste qu’autre chose. On passera vite fait sur les innombrables clin d’œil, d’une lourdeur infame : les sept « nains », l’emblème fétiche, mais surtout le coup du grand père, au rêve voulant « marquer les générations à venir » avec sa musique, et qui en réalité compose le fameux thème de Walt Disney Pictures. On a déjà vu des auto-fellation moins flagrantes. Et enfin, parlons de ce fléau rarement agréable : les chansons. Là encore, le vide créatif est affolant, nous épuisant avec du remplissage où les protagonistes expriment leurs sentiments en poussant bien gratuitement la chansonnette, et ça ne permet ni d’augmenter les enjeux ni de développer les personnages tant elles ne font que décrire ce qu’il se passe ou exposer de plates évidences. Un pot pourri de ce que Disney croit avoir fait son succès, alors que si la plupart de leurs classiques ressortaient aujourd’hui, on les trouverait un peu vides (ce qui est le cas de la plupart de leurs live-action, ayant fonctionné uniquement grâce à la nostalgie), et il faut dire que le mélange est ici d’une telle fainéantise que c’en est difficilement supportable. Et contrairement à un Avalonia qui avait le mérite de proposer un semblant de quelque chose malgré de gros soucis d’écriture et une direction artistique foireuse, ce n’est clairement pas le cas ici. Recycler à l’infinie les mêmes recettes est vain, la magie ne prend plus.

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