Final Fantasy VII Rebirth
2024
PS5
Nous y voilà, quatre ans plus tard comme prévu, mais avec d’autres bonnes nouvelles. Quand on sait le peu du jeu d’origine adapté dans Final Fantasy VII Remake, et le fait que son développement chaotique s’étala sur près de dix ans, on pouvait craindre que le projet n’aille potentiellement jamais au bout, ou alors peut-être au bout de cinq jeux et à un horizon absurde. Mais finalement les choses se sont accélérées avec un développement soigné vu que ce « Rebirth » adapte presque à lui seul la moitié du jeu de base alors que la projet n’a prit « que » six ans (commencé en 2018) et que cette fois est la bonne, il n’y aura que trois parties au total, et que cette dernière a commencé son développement deux ans avant la sortie du second opus et vise une sortie plus rapide, dès 2027. Et le moins que l’on puisse dire est que les fans seront comblés, et même les réfractaires de la première partie tant Rebirth est généreux, abouti et corrige un paquet de soucis.
Graphismes : 18/20
Difficile de pleinement juger tant la génération actuelle ne fait que commencer, et le jeu tourne encore sous Unreal Engine 4 alors que son successeur est déjà disponible depuis quelques années. Pourtant, la progression est assez folle depuis Final Fantasy VII Remake vu l’envergure des environnements ouverts au niveau de détail incroyable, bien que cela se paye par un peu de cliping par moment (phénomène d’apparition tardive de certaines textures, comme des brins d’herbes où l’on arrive à voir au loin la texture apparaître). Les modèles des personnages sont toujours aussi aboutis, même si j’ai eu tendance à trouver le regard de Tifa un peu vide par moments, et on ressent un peu moins la négligence de modélisation des PNJ. Par contre, on sent que le monde ouvert reste un frein à la créativité tant certains environnements plus restreints sont stupéfiants de beauté, à l’image de la ville des Gi.
Jouabilité : 18/20
Le travail accompli est assez fou. Avec des environnements bien plus ouverts, les combats peuvent enfin prendre l’envergure qu’ils méritent, et le résultat est jouissif. Chaque personnage a ses avantages et défauts, et le fait de pouvoir switcher entre les trois de l’équipe instantanément est incroyable. En revanche, l’IA est catastrophique et il faut tout faire tout seul, mais ça permet de se sentir utile et d’être le vrai moteur de l’équipe. Un peu de progression avec l’arrivée de la troisième limite (mais pas encore la dernière), une interface plus propre. Seules ombres : toujours pas de création de nouvelle matéria quand l’une d’elle arrive au dernier rang, ce qui est si frustrant tant ça a toujours été une constante dans la saga. Eh puis l’absence de recover avec la touche rond, solution parfaite des Dissidia et Kingdom Hearts 2 pour ne pas se faire enchaîner à l’infini, ça reste tellement frustrant. En bref, cette suite fait tout en mieux, mais surtout elle réussi là où les derniers Zelda ont échoué : faire du level design intelligent en monde ouvert. L’exploration n’est jamais pesante mais jamais assistée. Il suffit de se promener à la recherche de points d’intérêts pour que tous les autres ou ceux cachés en découlent facilement, et si un point semble difficile d’accès, c’est toujours parce que son accession est permise par le biais d’une mission principale ou annexe, créant de fait un intérêt accru de cercle vertueux où chaque action amène naturellement vers une autre. On est pratiquement jamais perdu, sauf quand on veut aller trop vite, ce qui là encore pousse à une exploration réfléchie et fluide. Même les meilleurs Assassin’s Creed n’ont jamais atteint un tel niveau. En plus, que ce soit avec des véhicules ou des chocobos aux pouvoirs variants à chaque nouvelle zone, la méthode d’exploration est constamment renouvelée. Reste aussi les mini-jeux, dont certains sont réussis comme le Ford Condor ou le Queen’s Blood, et hormis le lancé de boîtes avec Cat Sith dans le manoir et les vols de chocobo à Cosmo Canyon, pas vraiment d’expériences traumatisantes.
Durée de vie : 15/20
Fut un temps où j’aurais mis potentiellement la note maximale, mais le temps me manque. En mode facile et sans traîner outre mesure, il m’aura fallut plus de 75 heures pour en venir à bout. Pire, j’ai fini lvl53, donc si j’avais voulu me rapprocher du trophée platine qui oblige à tout refaire en mode difficile, incluant des mini-jeux pas toujours bien heureux, il faudrait compter 200 heures. C’est abusif, et les développeurs ont été trop généreux sur la quantité de missions annexes et mini-jeux, et je suis un perfectionniste adepte du 100% à défaut du trophée platine dont les conditions d’obtention sont systématiquement débile. Je n’ose imaginer le dégoût d’un jeu qu’on aurait platiné… Si on enlève les missions secondaires et l’exploration, ce qui rendrait le jeu quasi impossible tant j’ai galéré même en facile sur certains passages (coucou Odin), on peut imaginer finir le jeu en une quarantaine d’heures, ce qui est énorme, d’autant que contrairement à Final Fantasy VII Remake, on ne ressent que peu de remplissage : c’est juste que le tronçon du jeu de base faisait une trentaine d’heures, auquel il faut rajouter les réalités alternatives rajoutées. Les gros joueurs seront ravi et heureusement que le hasard des choses m’a permis d’avoir tant de temps à y consacrer, mais dans les faits un jeu qu’on finirait en 15-20 heures m’irait bien mieux.
Bande son : 19/20
En plus de retrouver le prestigieux doublage français qui fait plaisir autant qu’il fait rager tant on aurait préféré l’avoir sur Kingdom Hearts III, on retrouve surtout toutes les compositions de légende du jeu d’origine, sublimées par des réorchestrations magnifiques. Quitter Midgar nous permet d’avoir une variété bien plus large, ponctuant chaque région par des musiques thématiques, certaines nouvelles comme la région de Gongaga dont le mélange jungle et musique écossaise n’est pas sans rappeler les dernières saisons de Outlander. En revanche, attention au plagiat, un nouveau thème a été ajouté dans le temple des anciens, dont la ressemblance avec l’un de ceux de Mass Effect est plus que troublante.
Scénario : 19/20
Enfin le jeu démarre ! Je trouvais aberrant de faire tout un jeu à Midgar tant le jeu ne décolle qu’après, et effectivement, le jeu décolle d’emblée avec le fameux faux souvenir de Nibelheim. Chaque passage qui suivra explorera le passé d’un personnage, fera évoluer la tram globale ou développera l’un des traumatismes lattant. Et plus encore, crevons l’abcès du « Remake » qui joue sur les mots : le premier jeu n’était pas un remake au sens refaire le même jeu, mais plutôt les protagonistes qui refont leur propre histoire. Entre suivre la temporalité sacrée et constater les divergences, le joueur traquera chaque indice de changement, de niveau de conscience supplémentaire, avec d’autres histoires parallèles de réalités alternatives. Il est presque acté que la dernière partie s’appellera « Réunion », qui devrait avoir un double sens entre celle organisée par Sephiroth et celle de la convergence des univers. Le travail de revisite est génial, et on a hâte de voir où tout cela nous mènera, tout en le sachant en partie.
Note Globale : 18/20
Après la vitrine technologique au fort potentiel qu’était Final Fantasy VII Remake, on espérait pouvoir enfin mettre les deux pieds dans l’histoire originelle, d’autant qu’avant sa sortie le nombre de parties était en suspend, avec la peur d’en avoir une pleine poignée. Outre le fait de nous rassurer en adaptant une part énorme du jeu d’origine en une fois, cette suite permettra aussi d’apprécier plus encore les propositions faites, notamment le choix du monde ouvert, dont le niveau de maîtrise est, à mon modeste niveau de joueur occasionnel, tout simplement le meilleur qu’il m’ait été donné de voir. Un jeu à la générosité démesurée, pour un voyage des plus chronophages, mais qui vaut le temps passé. Je restais septique quant à la nécessité de raconter une fois de plus cette histoire, mais finalement tous mes doutes ont été balayés : ce jeu est grandiose, et l’axe de réadaptation des plus prometteurs. Vivement 2027 pour la suite et fin de l’aventure, en espérant une apothéose à la hauteur des attentes.