Argylle


Argylle
2024
Matthew Vaughn

Voir des catastrophes industrielles pareilles, même si le phénomène a tendance a être de plus en plus récurrent, ça reste assez spectaculaire. Malgré un réalisateur de renom qui avait d’ailleurs fait ses preuves dans le genre de l’espionnage avec sa saga Kingsman, malgré un casting absolument débile et un budget non moins délirant de 200 M$, un choc dont j’ai mis des mois à m’en remettre, cherchant inlassablement des sources alternatives déclarant un budget plus réaliste dans les 60-80 M$, ce cas d’école est hors compétition. Car justement, il n’en a eu aucune : pas un film à plus de 10 M$, ni la semaine précédente, ni la semaine de sa sortie, ni la semaine suivante. Un désert absolu, et même malgré ça le film fut un four abyssal : pas même 100 M$ dans le monde, un risible 96 M$ final. C’est bien simple, en enlevant les frais de distribution, le film n’a même pas épongé sa campagne promotionnelle située dans les 50-100 M$, soit entre 200 et 250 M$ de pertes, lui assurant directement une belle place sur le podium des pires échecs de l’histoire, rien que ça. Un résultat qu’il faut en revanche modérer : le film fut disponible en simultané en paiement premium AppleTV à 30$ et aurait été le plus gros succès de tous les temps pour la plateforme, donc il est possible que l’opération y fut plus rentable que la sortie cinéma. Reste que l’échec m’avait surpris au plus haut point, trouvant le projet amusant et ayant pleine confiance en l’équipe la produisant. Comme quoi, ne jamais se fier à ses premières impressions.

Quelle est la réalité et la fiction ? Autrice d’une saga littéraire d’espionnage à succès, Argylle, Elly Conway (Bryce Dallas Howard) va plonger malgré elle au cœur des histoires qu’elle raconte : un certain Aidan (Sam Rockwell) va débarquer dans sa vie, lui expliquant qu’elle est en danger car, à l’image de ses romans, une agence secrète qui voit d’un mauvais œil que toutes ses inspirations fictionnelles s’avèrent vraies, craint pour son avenir puisque le prochain roman à paraître va justement les exposer au grand jour. Elle qui fantasmait de grandes aventures périlleuses, elle va se retrouver en plein dedans.

Quand la réalité rattrape la fiction, c’est un concept très vieux au cinéma, rien de neuf à l’horizon, mais ça permet de créer une proximité avec le protagoniste, renforçant le côté exceptionnel d’une telle histoire. Pas incroyable, mais gageur, d’autant plus en prenant en compte le caractère démentiel du casting : Bryan Cranston, Henry Cavill, Dua Lipa, John Cena, Sofia Boutella, Ariana DeBoose, Richard E. Grant, Catherine O’Hara ou encore Samuel L. Jackson. Malheureusement, une bonne partie ne dépasseront pas la scène d’introduction, ou si peu, créant une certaine frustration tant la comparaison des deux réalités est vite oubliée. Le côté action / aventure sera aussi à relativiser, la faute à un style épileptique, maladroit, rendant chaque scène d’action illisible ou immonde, et globalement – ce qui est affolant pour une production à 200 M$ – on a tout le plus grand mal du monde à croire à ce que l’on voit, criant au fond vert dégueulasse toutes les deux secondes. Mais surtout, surtout, il va falloir parler de ce qui fâche : le scénario. C’est un bordel sans nom, à base des pires poncifs que je croyais illégaux avec le temps. On échappera à rien, que ce soit l’agent double, triple, quintuple, le en fait c’est vrai, en fait c’est faux, même le coup de l’amnésie, tout y passe. Les personnages, les enjeux, qui est qui, tout est constamment bousculé, modifié, redistribué, puis en fait non, et ça pendant l’intégralité du film. Imbitable, mal branlé. Un projet bien trop éparse, un calvaire à suivre, pour du divertissement même pas réussi. Juste usant.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *