
La Faille
2007
Gregory Hoblit
La justice est un sujet fascinant, et le genre du film de procès est un thème qui me tient souvent en haleine, d’autant que les grandes réussites y sont légion comme avec les très bons Le Juge et Anatomie d’une chute, mais surtout les immenses claques Les Sept de Chicago ou Le Procès Goldman. J’avais déjà vu ce film peu après sa sortie, mais c’était donc il y a près de deux décennies, de quoi l’avoir quelque peu perdu dans les limbes des souvenirs vaporeux.
Spécialiste en aéronautique, Ted Crawford (Anthony Hopkins) va un jour surprendre sa femme (Embeth Davidtz) entrain de le tromper avec un policier (Billy Burke). Pour se venger, il va carrément décider de la tuer, mais pas sans réfléchir à un plan pour s’en sortir sans la moindre conséquence. Certain que l’affaire est pliée et que le procès n’est qu’une simple formalité, un jeune procureur (Ryan Gosling) va s’y casser les dents, loin de se douter de la fourberie qu’avait préparé Crawford.
Bon dieu que c’est rageant ! On est vraiment passé à un cheveux d’un excellent film, une référence du genre, mais qui va s’avérer hautement imparfaite, voir décevante. On a l’impression d’y retrouver un Hannibal au meilleur de sa forme, préparant méticuleusement son plan avec un calme glaçant, et tout le début du film est d’une tension incroyable, dévoilant au passage un casting assez fou (on retrouvera également Cliff Curtis, Zoe Kazan et Rosamund Pike). On pourrait croire à un plan si fourbe qu’il en profite pour faire accuser – voir condamner – l’amant, ce qui aurait été logique et grisant d’un point de vue machiavélique, mais non, il s’agit simplement de chercher cyniquement une faille dans le système juridique. Ce n’est plus du génie criminel, mais simplement de la lâcheté vicieuse, ce qui personnellement m’intéresse beaucoup moins. Si quelques idées sont réussies, comme le jeune arrogant remis à sa place, ou encore la conclusion un peu plus maligne, ce formidable vivier se meurt sur toute sa moitié passé la première demi-heure. Un ventre mou des plus terribles comme j’en ai rarement vu. En résulte une version petits bras et frustrante de Hannibal, vouée à redevenir très vite un vague souvenir pas bien important.
