Le Majordome

Le Majordome
2013
Lee Daniels

Après Lincoln qui revenait sur le tournant majeur qu’a été l’abolition de l’esclavage durant la guerre de sécession, voici ce qui aurait pu être une partie de l’histoire des Etats-Unis vue depuis l’antichambre du pouvoir. En effet, le film reprend avec quelques libertés l’histoire de Eugene Allen, majordome de huit différents présidents dans la période 1950-1980. Malheureusement, alors qu’aujourd’hui la ségrégation n’est plus qu’affaire de choix, le film va transformer ce qui aurait pu être un point de vu intéressant en une « leçon d’histoire » qui tient plus de la propagande haineuse.

Exit Eugene et ses huit présidents, voici Cecil (Forest Whitaker) et ses sept pensionnaires du bureau ovale. Sa vie, il l’a commencé dans la douleur des champs de coton, assistant au viol de sa mère qui sombra dans la folie après le meurtre de son mari, père de Cecil. Traîne misère, il sera recueilli et éduqué comme nègre de maison, gagnant ses galons de valets, allant même jusqu’à servir dans de prestigieux hôtels. Puis un jour, l’impensable se produisit : il fut convoqué à la maison blanche pour le poste de majordome. Une réussite qui ne fut pas sans provoquer quelques jalousies au sein de ses congénères de couleurs, persuadés que la révolution est la seule façon de régler leurs problèmes.

Après une scène d’introduction ridicule et mensongère (un viol supposé et un meurtre gratuit alors que, contrairement à ce que dit le film, le meurtre de gens de couleurs n’était pas distingué des autres dans le code pénal, même si la sanction qui appartenait au juriste pouvait occasionnellement être biaisée), on rentre progressivement dans la psychologie acceptable de Cecil, une fois qu’il devient un homme honnête et responsable qui ne voit plus l’homme blanc comme une menace. Mais très vite, son fils Louis va reprendre le flambeau de la haine, ajoutant une touche de violence et d’incompréhension, pensant stupidement que la provocation est une réponse subtile à la violence. Avec en plus les Black Panther et leur propagande raciste anti-blancs, allant jusqu’au meurtre, on atteint un haut niveau de barbarisme. La moralité n’est pas une qualité du film, et à force de mélanger victimes et bourreaux, cela nuit gravement au message d’acceptation et de tolérance que le film devrait véhiculer. On comprend pourquoi la cause des noirs a mit aussi longtemps à trouver justice, tant certains des leurs ont fait preuve de manquement civique. Bien sûr, le film est très bien réalisé et les acteurs sont plutôt bons, surtout Forest, mais le sentiment général qui se dégage de l’histoire est détestable, exclusivement orienté sur la haine de l’autre, et les présidents défilent sans provoquer le moindre émois. L’émotion n’est pas là et l’histoire est une insulte. Un film à oublier d’urgence tant il est néfaste.

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Une réponse à Le Majordome

  1. Julien dit :

    Pareil, dans American history X, la morale est ambiguë, donc le film est NUL !
    Pire : dans Sin City, il n’y a aucun message de fraternité dedans. TROP NAZE ce film.
    Et dans le Seigneur des anneaux, les humains et les orcs n’arrivent pas à sympathiser… du coup, le film vaut à peu près 2 / 5…

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