Kong Skull Island

Kong Skull Island
2017
Jordan Vogt-Roberts

Dans la course au filon en or massif, celui qui rassure les actionnaires et qui pérennise à lui seul toute une industrie, Legendary Picture a tenté de se trouver son univers étendu à lui. Cette fois, il n’est pas question de super-héros comme pour Disney ou la Warner, ni de monstres humanoïdes comme la tentative ratée du Dark Universe d’Universal, mais de créatures démesurées. Démarré avec Godzilla en 2014, le bestiaire vise à proposer un affrontement « au sommet » dès 2020 entre le gros lézard et le roi des singes dont il sera question ici, idée qui s’annonce pas mal foireuse dans la mesure où on retombe sur les pires problèmes de Batman V Superman ou Civil War où des gentils sont censés se foutre sur la gueule. Projet de longue date qui devait à l’origine être un préquel au King Kong de 2005, il devient ici le deuxième volet de cet univers, à moins que… Eh oui, on parle aussi d’y greffer les robots et les monstres de Pacific Rim, appartenant aussi au même studio, mais cela dépendra grandement des scores de la suite et je ne parierais clairement dessus.

Malgré la confusion qui peut régner suite à la scène d’introduction, le film ne se passe pas en 1944 (scène maladroite qui ne fait qu’introduire le personnage de John C Reilly) mais en 1973. En pleine Guerre Froide où la course aux satellites et aux boosts technologiques fait rage entre les Etats-Unis et la Russie, Bill Randa (John Goodman) va en profiter pour faire financer un projet (par Richard Jenkins) d’expédition en faisant planer une menace (bidon du coup au final ?) de découverte proche de la part des russes. Persuadé d’y trouver des monstres géants (ah bon pourquoi ? Pas sûr que les scénaristes le savent…) il va s’y faire escorter par le général Packard (Samuel L Jackson) et ses hommes (incluant Toby Kebbell et Thomas Mann), un « spécialiste » de la traque (Tom Hiddleston) et une photographe random (Brie Larson) qu’on se demande qui l’a autorisé à monter à bord.

Rien que le principe de faire un préquel à King Kong n’a aucun sens : comment peut-on oublier une telle île si elle a déjà été découverte ? En plus, le film se passait dans les années 30, donc ça ne colle pas. Bien évidemment, ce postulat a été oublié, mais dans ce cas quel est l’intérêt de placer l’histoire en 1973 ? Non parce que si le but est de rattacher le film à Godzilla, et ça l’est, pourquoi ne pas le situer dans la même timeline ? Non parce que pour rappel c’est un film contemporain, donc se déroulant aux alentours de sa date de sortie en 2014. Le pire c’est qu’au final le film n’apporte rien à la mythologie de Kong puisqu’on redécouvre l’île une énième fois, et force est de constater que même visuellement le résultat est moins probant que dans la dernière itération. On a bien quelques idées visuelles vachement sympas comme le coup de l’araignée aux pattes de bambou, les autochtones camouflés ou encore les créatures souterraines, mais pour ce qui est de l’originalité on repassera. Se fondre dans le paysage n’a rien d’inédit, et les grands lézards sont assez lambda. Pire, côté technique pure certaines modélisations sont mauvaises, les CGI transpirent de partout et Kong ne convainc pas une seconde. Le film joue la carte de la démesure et il aurait dû offrir un sacré spectacle entre la pression des enjeux et son énorme budget de 165 M$, mais difficile de crier au génie. Les personnages sont des stéréotypes atroces et les acteurs ne font pas honneur à leurs réputations, la mise en scène est plate, les effets spéciaux trop criards et le scénario n’a aucun sens, pure prétexte pour faire un tour sur l’île. Même en étant en quête de grand spectacle décérébré pour se reposer, il faudrait avoir des exigences extrêmement basses pour se contenter d’un blockbuster si vide et bâclé, décuplant tous les défauts de Godzilla sans en avoir toutes les qualités. Dur…

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