La Folle journée de Ferris Bueller
1986
John Hughes
Monument de la comédie américaine, le film compte parmi les plus grands succès de tous les temps (en terme d’entrées), ayant cumulé sur son seul sol natif 70 M$, d’autant plus impressionnant de par son maintient semaine après semaine (le film n’a jamais chuté de plus de 24% d’une semaine sur l’autre au box-office). Un film générationnel qui continu d’en inspirer certains, mais avec le recul l’engouement s’explique difficilement.
Qui ne s’est jamais fait la réflexion « quel dommage d’aller en cours par une si belle journée » ? Entre le penser et prendre acte, il y a un énorme faussé, sauf pour Ferris Bueller (Matthew Broderick), fin stratège. Terrible comédien, il a néanmoins la crédulité extrême de ses parents pour compenser, et c’est ainsi qu’il a déjà réussi à se faire porter malade neuf fois en l’espace d’un semestre. Mais que faire de sa journée ? Pas question de la passer seul, il va devoir faire sortir son pote Cameron de son lit de malade et faire évacuer du lycée sa petite amie Sloane. Ensemble, ils vont passer une folle journée.
Les années 80 semblent très loin, presque un autre monde. Des couleurs flashy, une décontraction hallucinante, des problèmes secondaires et une joie de vivre franche et communicative. Pour une fois on peut le dire : c’était mieux avant. Mais bon, la naïveté de l’époque passe par moment pas très bien, notamment quand le héros fait le foufou chez lui, pas très crédible. De même, l’informatique n’en étant qu’à ses balbutiements, le film exagère à outrance l’axe des possibilités, et de manière générale le film ne semble jamais se rendre compte quand il franchit la barrière de la cohérence. Le film est très sympa, divertissant, conviviale et généreux, mais il va souvent trop loin, que ça soit avec ses nombreux regards caméra ou dans son humour simpliste. Le running gag du proviseur est d’une lourdeur infâme, et le coup du concert improvisé sonne tellement faux que ça ruine toute la séquence. On frise le côté honteux à bien des reprises. Certains passages restent malgré tout très drôles, comme tout ce qui tourne autour de la légende « Ferris Bueller » – l’occasion d’un caméo de Charlie Sheen d’ailleurs -, et la fameuse musique « Oh Yeah » de Yello superbement utilisée, re-immortalisée quelques mois plus tard avec Le Secret de mon succès, autre comédie à succès. Facile et un peu débile, le film est tout de même une joyeuse comédie d’une grande légèreté (sauf niveau humour parfois), et on s’en amuse suffisamment pour passer un bon moment.