Souvenirs de Marnie
2015
Hiromasa Yonebayashi
Voici donc celui qui fut longtemps annoncé comme le dernier film des studios Ghibli à cause d’une mauvaise passe financière de par les « bides » consécutifs de Kaguya et celui-ci (60 M$ en cumulé, mais difficile de croire que le premier ait pesé lourd dans la balance vu la quasi absence de travail qu’il a dû occasionner en terme d’animation). Heureusement, il n’en sera rien, d’autant qu’aucun autre studio au monde ne peut rivaliser avec le niveau de qualité de la firme japonaise, qui va encore une fois prouver son immense talent.
Ce monde est étouffant, oppressant. Pour Anna, 12 ans, il en devient même invivable tant tout lui paraît faux, et elle s’intègre très difficilement. Sa mère adoptive va donc lui permettre de se ressourcer quelques mois à la campagne, chez de la famille. Un lieu paisible, calme, où la nature y abonde et où le vent souffle un air pur. C’est alors qu’au détour d’une promenade, elle va apercevoir un vieux manoir, d’apparence inhabité. C’est la première fois qu’elle vient dans ce village et pourtant, ce manoir lui rappelle quelque chose, comme si elle le connaissait. Fascinée par lui, elle va passer ses journées à le dessiner, jusqu’au jour où la petite fille qui lui rendait visite dans ses rêves, cloîtrée derrière la fenêtre du manoir, va se présenter devant elle. Prénommée Marnie, elle va devenir bien plus qu’une simple amie.
Avec un film intitulé « souvenirs de », le doute n’était pas vraiment permis. Il n’y avait à priori que deux possibilité : soit l’une des deux allait mourir durant l’été, et logiquement Anna vu la tournure de la référence, ou alors cela serait Anna qui serait confrontée aux souvenirs de Marnie, à savoir son fantôme. Finalement non, on se rapproche plus du film Quelque part dans le temps, mais dans une logique plus étrange et moins réaliste. On part ici beaucoup trop loin dans les liens qu’il existe entre tous les événements, et même si les indices disséminés renforcent la cohérence, l’histoire ne tient au final pas debout, ou alors elle manque d’un encrage plus profond dans la réalité. Car au fond que penser de tout ça ? Du point de vu de Anna, on était à la limite d’une histoire d’amour, et nombre de points abondent dans ce sens, avec notamment la jalousie qu’elle ressent envers l’ami d’enfance de Marnie. Et c’est là que le film perd beaucoup qualitativement : cette ambiance fantastique qui joue avec nos nerfs sur la nature exacte de l’histoire passionne, et j’avais presque envie d’applaudir pour le courage d’avoir mit en avant dans le film une idylle de cette nature, mais finalement la portée des événements déçoit et la conclusion balaye l’originalité du film pour en faire un archétype du genre. Comme toujours avec le studio, le film est magnifique à tous les niveaux artistiques, émouvant voir bouleversant, mais il y avait tellement plus grandiose à faire, et on ne peut que déplorer le manque d’inspiration du dénouement.