Un peu, beaucoup, aveuglément
2015
Clovis Cornillac
Passage obligé dans la carrière de tout bon acteur qui se respecte, Clovis Cornillac a lui aussi tenté sa chance derrière la caméra, (assurant aussi le scénario avec sa femme, qui incarne la sœur de la voisine) sans grand succès en terme d’entrées, ayant à peine atteint le demi-million, mais le public fut visiblement satisfait compte tenu des très bons retours. Étonnant tant les romances ne sont pas le fort de sa filmographie, mais la France livre régulièrement de bons crus en la matière, et celui-ci tend à en faire partie.
S’il y a bien deux choses de compliquées dans la vie, c’est bien de trouver l’amour et avoir la paix. Il (Clovis Cornillac) avait renoncé au premier, pensait avoir le second, puis quand elle (Mélanie Bernier) va arriver, il va croire perdre le second, mais c’est finalement le premier qu’il va trouver. Inventeur de casse-tête, il abuse de stratagèmes pour faire fuir ses potentiels voisins, l’insonorisation de deux appartements étant catastrophique. Mais pour la première fois, la locatrice ne va pas se laisser abattre, et il va vire un enfer qui le mènera au paradis.
Le principe d’une comédie-romantique, outre les mauvaises ou prétentieuses qui s’essayent à l’originalité dans une maladresse totale ou se foirant tout simplement, c’est que les deux protagonistes, aussi différents et haineux l’un en vers l’autre qu’ils soient, finissent ensemble, baignant dans un bonheur dégoulinant. C’est prévisible, mais c’est voulu, attendu de pied ferme même. Pour autant, même si cela doit se faire, on ne sait ni comment ni pourquoi ça va aboutir. Comment vont-ils tomber amoureux, comment la magie va t-elle opérer, et surtout quels seront les arguments du film en dehors ? C’est classique, pas forcément super-réaliste, mais l’originalité du film, à savoir cette idylle purement orale due à la séparation du mur, apporte son lot de belle idées, tantôt poétiques, tantôt comiques. Le film est d’ailleurs assez drôle, notamment grâce aux personnages de la sœur et du meilleur ami, jouissant d’une belle écriture. On n’évitera pas quelques lourdeurs, d’importantes incohérences, et la structure est vraiment facile, mais c’est mignon et marrant, ce qui est amplement suffisant.