Dark crystal
1983
Jim Henson, Frank Oz
Beaucoup d’entre nous l’ont oublié ou ne l’ont tout simplement pas vu, mais il s’agit là de l’un des plus grands classique du fantastique, bien plus culte encore que L’Histoire sans fin. Sorti il y a plus de trois décennies, le film a connu un succès phénoménal avec plus de 40 M$ sur le seul sol américain (soit l’équivalant actuel de 115 M$ en terme d’entrées), mais à l’ère du numérique, l’art des costumes, maquillages, marionnettes et autres animatroniques se perd, devient désuet, ringard. Heureusement, les choses évoluent, s’améliorent sur certains points, mais voir comment les gens de l’époque se débrouillaient pour tout recréer à la main reste fascinant.
Se déroulant sur une planète d’un autre monde, le film raconte l’opposition millénaire entre les Mystiques (ressemblant à des iguanes), sages pacifistes vivant reclus, et les Skekses (semblables à des vautours), conquérants avides de pouvoir et de violence qui asservissent leur royaume. À force de s’entre-tuer, ces deux espèces se limitent désormais à une dizaine de représentants millénaires dont le seul but est de rester en vie le plus longtemps possible, mais les Mystiques comptent bien mettre fin à leurs calvaires respectifs en accomplissant une prophétie. D’après l’une d’elles, un Gelfing (peuple lui aussi en voie d’extinction) rendra son éclat d’origine au grand cristal et réunifiera les deux espèces. Jen sera alors l’élu choisit par les Mystiques pour mener à bien cette mission.
Voilà un film qu’on pourrait qualifier de rare. Il ne se passe pas sur Terre, ne fait pas intervenir d’êtres humains et ne met même pas en avant d’acteurs réels, tous étant des marionnettes ou des animatroniques (à moins que certains se cachent en dessous ?), et pourtant tout est fait en décors réels. Un pari fou qu’on a pour ainsi dire jamais vu ailleurs, ou du moins les exemples me manquent, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’impact est immédiat. L’histoire d’élu et de quête prétexte à l’aventure ne dénote pas d’une grande originalité, mais c’est au niveau de son univers que le film marque des points, s’inventant des dizaines d’espèces, de créatures et environnements incroyables. Le bestiaire fait parfois froid dans le dos, peut paraître ignoble, et la plupart manque d’expressions pour paraître autre chose qu’un corps sans vie, mais le travail accompli en terme d’accessoires et de design est colossal et infiniment plus abouti que n’importe lequel des anciens Star Wars. Malheureusement, le film souffre aussi de grosses tares en terme d’écriture et de rythme, les protagonistes étant au mieux complètement débiles et la lenteur de l’action nous pèse régulièrement. Le bilan reste ainsi mitigé entre fascination et ennui.