Triple 9
2016
John Hillcoat
En voilà un projet qui avait de quoi séduire ! Réalisé par celui à qui l’on doit l’excellent Des Hommes sans loi, le film propose un casting ahurissant, réunissant une dizaine de stars d’envergure, le tout s’articulant autour de ce qui s’annonçait comme un film de braquage des plus ambitieux. Et pourtant, le film a connu un bide retentissant et des critiques très tièdes, sauf pour la presse française qui attribue ses étoiles au lancé de dés. Il y avait effectivement pas mal de potentiel, mais il n’en reste pas beaucoup à l’arrivée.
Composée de flics ripoux et militaires déchus, un groupe (incluant Aaron Paul, Anthony Mackie et Chiwetel Ejiofor) va attaquer une banque pour une mafieuse russe (Kate Winslet) qui convoitait quelque chose qui s’y trouvait, mais ça ne sera pas assez. En l’état inutile, leur butin va nécessité un second casse bien plus difficile. Devant composer avec une enquête qui les met sous pression, ils vont alors échafauder un plan qui leur donnerait le temps de faire le second coup : le triple 9. Il s’agit du code de police de l’état d’urgence qui se déclenche après qu’un de leurs hommes soit déclaré grièvement blessé ou tué, faisant rappliquer toutes les forces disponibles sur place.
Dès la première scène le film nous met dans le bain en démarrant sur un casse assez musclé avec une surprise originale, nous permettant au passage de découvrir le casting incroyable auquel s’ajouteront par la suite Teresa Palmer, Gal Gadot, Casey Affleck et Woody Harrelson. Tout ce qui entoure l’enquête policière sera très intéressant, notamment le personnage de Casey qui tranche de par ses valeurs encore intactes. On aura d’ailleurs droit grâce à lui à une excellente scène de prise d’assaut suivie d’une poursuite, cassant la monotonie d’un film des plus mal équilibré où l’action se concentre au début et à la fin, laissant la grosse majorité plutôt vide où le passage à l’acte se fait attendre. En plus, le fameux second casse n’a rien de très folichon, d’autant que les enjeux, l’enrichissement et la libération d’un mafieux russe, ne sont pas d’une sophistication incroyable. Pire, une grande partie du casting déçoit, soit de par le stéréotype ou la redondance de son personnage (Aaron nous ressort exactement le même rôle que dans Breaking Bad), l’interprétation ou le manque de présence à l’écran. Le montage laisse lui aussi à désirer, la fin semblant un peu bâclée. Un premier casse de haute volée, quelques scènes réussies, une poignée d’idées et de personnages intéressants, mais de grosses lacunes scénaristiques et des soucis de rythme.