Inferno
2016
Ron Howard
Conscient que la folie entourant les romans de Dan Brown s’était essoufflée, le réalisateur de la franchise a attendu le quatrième opus littéraire avant de relancer la machine, y voyant là un matériau bien plus prometteur et possédant plus de fans. Ayant aussi constaté la baisse drastique d’entrées d’Anges et démons et tablant sur une baisse toute aussi lourde (bien qu’à cause des résultats exécrables aux Etats-Unis l’objectif des 300 M$ sera très dur à atteindre), le budget fut réduit de moitié comparé au précédent film, soit à peine 75 M$. Un manque de confiance peu engageant, d’autant que par peur de la concurrence le film fut par deux fois repoussé.
Ce n’est un secret pour personne, la Terre a atteint un niveau de surpopulation inquiétant et si rien n’est fait les risques de conflits ou de famine vont exploser. Bien décidé à s’occuper lui-mêle du problème, le gourou Zobrist (Ben Foster) a créé une arme bactériologique appelée « Inferno », une sorte de peste qui décimerait près de 95% de la population, mais depuis qu’il a été retrouvé mort impossible de savoir ce qu’il est advenu de l’agent pathogène. Apparemment en pleine enquête sur le sujet, Robert Langdon (Tom Hanks) va se réveiller dans un lit d’hôpital, la tête éméchée et souffrant d’une perte de la mémoire par rapport aux deux derniers jours. Sauvé de ses assaillants par son infirmière Sienna (Felicity Jones), tous deux vont partir à la recherche du virus pour sauver le monde.
Si dans la « Comedia » de Dante il est question de paradis, purgatoire et enfer, pour la première fois on s’éloigne de la religion, nous plongeant dans une conspiration à la Bilderberg, mais avec une influence bien moins importante. On est ici bien plus proche d’une secte intimiste, regroupant une poignée de gens aux pouvoirs très faibles, nous faisant nous demander après coup d’où sort cette espèce de peste aux capacités dévastatrices. Comme d’habitude, tout le film est une immense chasse au trésor avec un objectif à trouver avant la fin, et une fois encore les énigmes sont bidons, mais les problèmes d’écriture ne s’arrêtent malencontreusement pas là. En dehors du gourou trop peu présent faute de décès lors de la première séquence du film, il n’y a guère que l’infirmière d’intéressante, les autres (incluant Omar Sy en sous-fifre inutile, Sidse Babett Knudsen en vielle love story téléphonée et Irrfan Khan en homme de l’ombre insipide) étant trop vides, absents ou mal interprétés. Le scénario est quant à lui assez plat, multipliant les coups de théâtre improbables pour dynamiser une quête autrement pas très palpitante, banal jeu du chat et de la souris avec des manipulations de partout. Visuellement le film avait déjà plus d’inspiration, les passages hallucinatoires étant particulièrement réussis, mais là encore il n’y a pas grand chose derrière. Les enjeux sont énormes, le gourou, le professeur et son infirmière sont intéressants et leurs interprètes sont charismatiques, la durée a encore été rabotée par rapport aux deux précédents films, mais pour autant la dynamique n’en est pas meilleure, certains protagonistes sont handicapants et on tient là l’histoire la moins poussée de la franchise. Tant qualitativement que financièrement, si un quatrième volet voit le jour et pas le troisième prévu de longue date de Benjamin Gates, c’est à ne plus rien y comprendre.